FICHE PRATIQUE
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• LA CLASSE MATERNELLE N° 312 • 10/2022
Relever le niveau
débloquera des situations, mais sans faire à
la place de l’enfant. Les jours et semaines passant,
cet étayage se fera de moins en moins soutenu
et les enfants deviendront capables de se fixer
des objectifs adaptés à leur zone proximale de
développement.
Individualiser
L’individualisation en classe permet d’identifier
rapidement les enfants qui ont des difficultés
à se contrôler, à mémoriser ou à modifier leurs
stratégies, pour leur apporter un étayage approprié,
plus soutenu et plus présent.
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OFFRIR DU CHALLENGE ET NOURRIR
L’ENTHOUSIASME
Les activités proposées à l’école reflètent souvent
le décalage entre les capacités réelles des élèves
et celles supposées par l’adulte. L’intelligence
d’action en plein développement ainsi sous-
exercée cherchera alors à s’exprimer d’une manière
désordonnée et inappropriée, créant a minima
une gêne dans l’organisation de la classe, voire
un véritable chaos.
Lorsque l’enfant n’est pas motivé, les circuits de
la mémoire s’activent faiblement. Il ne retient pas
ou peu. Ainsi, bien que l’enseignement proposé soit
simple, il en résulte paradoxalement une laborieuse
difficulté à apprendre.
Dans ce cas-là, le réflexe du PE est souvent de
diminuer encore le niveau de difficulté des activités
qu’il met en place, ce qui l’éloigne davantage de la
possibilité de piquer l’intelligence de ses élèves et
de les aider à mémoriser de nouvelles informations.
Il s’agit d’augmenter la difficulté et de susciter
l’enthousiasme. Par exemple :
- passer d’un puzzle de 20 pièces à 50 ou 100 pièces
avec une image réelle motivante;
- proposer de décoder des mots écrits pour l’enfant
au lieu de frapper des syllabes;
- réciter la comptine numérique jusqu’à 100
ou 1000 plutôt que jusqu’à 30 ou 50.
Le regard des enfants s’illumine, la motivation
revient, la mémoire s’active… Les enfants réalisent
alors des tâches et acquièrent des connaissances
bien plus complexes que celles qui leur étaient
proposées mais qu’ils ne parvenaient pas à mener
à terme, faute de challenge, et parfois de sens.
> Toute activité trop facile ou trop superficielle
génère du désordre : les enfants l’utilisent peu de
temps puis la détériorent ou s’en détournent.
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DEUX EXEMPLES VÉCUS
Les tangrams
Dans une classe de MS-GS à Namur, deux jeux
de tangram sont proposés côte à côte.
- Le premier invite les enfants à faire correspondre
la forme de la pièce (solide) à la forme dessinée
(plane) : ils doivent simplement réaliser une mise
en paire visuelle.
- Avec le second, ils disposent de sept pièces et
d’un dessin sans contours intérieurs : ils doivent eux-
mêmes trouver comment agencer les sept pièces
de manière à recréer la forme globale proposée.
L’enseignante de la classe rapporte que la première
activité est délaissée tandis que la seconde attire
beaucoup ses élèves :
« Ils adorent. C’est étrange,
c’est beaucoup plus difficile pourtant. »
En effet, dans le premier cas, il n’y a pas ou très
peu d’effort cognitif à faire pour un enfant de 4 ou
5 ans. Dans le second, l’effort cognitif requis est plus
important, ce qui motive les enfants.
Les pions colorés
Les deux jeux de tangram.