FICHE PRATIQUE
LA CLASSE MATERNELLE N° 312 • 10/2022 •
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- mémoriser les différentes actions requises et
les organiser;
- inhiber les distractions et focaliser son attention,
contrôler ses gestes et émotions qui pourraient
l’empêcher d’atteindre son but;
- enfin, faire preuve de flexibilité en détectant
ses erreurs, trouver des solutions à ses problèmes
et persévérer jusqu’à atteindre son but.
Sans ces compétences, les jeunes enfants ne sont
pas en mesure d’apprendre. Ils ne sont pas prêts.
L’école devient, pour l’enfant comme pour le maître,
un lieu de frustration, de conflit, d’agacement,
d’impuissance et d’ennui.
> Le PE s’évertue alors à essayer de capter
l’attention de l’élève, de le cadrer pour lui
transmettre des connaissances, en vain. L’enfant
est facilement absorbé par les sollicitations
extérieures, peut avoir des gestes désordonnés,
des pensées sans fil logique. Il peut aussi faire
preuve d’impulsivité, se chamailler sans arrêt
avec ses camarades et s’en référer constamment
à l’adulte. Impatient, il a du mal à attendre qu’on
l’interroge, coupe souvent la parole et ne lève pas
la main. Le moindre effort cognitif le fait bâiller, il
ne termine généralement pas son activité.
→
MOYENS ET CONDITIONS
Parler individuellement avec l’élève
Les échanges verbaux précis, challengeants
entre l’adulte et l’enfant activent l’ensemble de
son cerveau et créent un bon câblage entre les
différentes régions cérébrales, dont celles qui sous-
tendent un bon développement exécutif.
Ces liaisons renforcées ont un fort impact
sur ses capacités globales, et particulièrement sur
ses fonctions exécutives.
Être chaleureux
Les neurosciences affectives montrent à quel
point le stress perturbe le développement des
fonctions exécutives, ou les inhibe. La chaleur et
l’empathie contribuent au contraire à les épanouir.
Des relations positives mettent l’enfant en capacité
de construire un système exécutif hautement
fonctionnel.
Les profonds bienfaits du lien humain sont
démultipliés lorsque les enfants ont des
comportements et des attentions empathiques
entre eux tout au long de la journée, d’où la
nécessité de favoriser l’entraide, la générosité,
la compréhension et l’amitié.
Aider l’enfant à se calmer
Le cerveau de l’enfant est très immature. Tant que
ses fonctions exécutives ne sont pas suffisamment
développées, il traverse parfois de véritables
tempêtes émotionnelles : il ne peut pas se calmer
seul, analyser la situation et s’apaiser. Son cerveau
est envahi de molécules de stress.
Dans ce cas, il est indispensable d’apaiser l’enfant
le plus vite possible en l’aidant à mettre des mots
sur ce qu’il ressent.
Un enfant recevant de l’aide de l’adulte pour
se calmer développe de bien meilleures capacités
d’action et d’autorégulation qu’un enfant qui est
mis à l’écart pour se calmer seul et dont le cerveau
est submergé par des molécules de stress qui lui
sont toxiques.
Les fonctions exécutives ainsi nourries, et
protégées d’un stress répété et/ou prolongé,
rendent l’enfant de plus en plus apte à réguler seul
ses émotions.
Aider l’enfant à s’exprimer
Il existe un lien significatif entre les capacités de
langage et d’attention. Aider l’enfant à s’exprimer
aura donc un impact fort sur son développement
exécutif.
En s’efforçant à raconter à l’adulte ce qu’il
traverse, l’élève exerce pleinement et de manière
coordonnée ses fonctions exécutives : il doit
mémoriser les différents éléments à évoquer,
les organiser de manière compréhensible en
contrôlant son envie de dire les choses telles
qu’elles lui viennent à l’esprit; il doit aussi réajuster
ses propos s’il perçoit que l’adulte n’a pas très bien
compris.
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