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LA CLASSE • N° 289 • 05/2018 •

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SAUVE QUI PE !

P A R

É L É A N O R E ,

P R O F E S S E U R E D E S É C O L E S

Humeurs…

Les réunions de préparation

bouclées, les négociations pour

justifier le mode de transport

oubliées, ça y est, ça commence

à sentir bon. Le compte à rebours

pour le départ en classe de mer

est amorcé. L’odeur de l’iode,

hummm ! On pourrait croire

que tout se combine facilement

puisque des structures encadrent

ce type de séjour. C’est sans

compter tous les échanges

téléphoniques, mélistiques avec

la coordinatrice de la structure,

les animateurs, le transporteur…

Du goûter aux toilettes dans le car,

tout se négocie. Et la plus grosse

tranche : le dossier pédagogique !

À renvoyer au plus tard 8 semaines

avant le départ si on reste à

proximité, 10 semaines hors

département et davantage encore

pour l’étranger.

Ah, mince, l’inspecteur avait oublié

de nous communiquer ses jours de

congés. On risque de ne plus être

dans les temps. Tout ça pour rien ?

Si le dossier ne transite pas auprès

des bonnes personnes, dans les

bons délais, tout tombe à l’eau !

Facile, le jeu de mots…

Qui, que, quoi, dont, où…

Après avoir tenté de tout

envisager, reste à convaincre les

familles. Celles, notamment, qui

estiment que les

enfants partent

suffisamment

souvent en

vacances…

Mais, on ne le

répétera jamais

assez, la classe de mer n’est pas

une semaine de vacances ! Pour les

parents qui restent, oui ! Pas pour

les enfants et encore moins pour

leurs enseignants.

Il y a aussi les familles qui

contestent les activités, celles

qui ne veulent pas débourser

un centime, ou encore celles qui

jugent qu’on pourrait tout aussi

bien apprendre tout ça en classe.

Avec les nouvelles technologies,

inutile de se déplacer puisque

tout est à portée de clic sur le

Net. Et vous, madame, quand

vous vous baignez l’été, c’est dans

votre smartphone que vous vous

trempez les doigts de pieds ?

La pêche, c’est pareil. C’est avec

des bottes et dans l’eau, pas

devant un écran…

À qui profite tout ça ?

Les finances, c’est le nerf de la

guerre. Pourtant, c’est toujours

à celui qui réussira à payer le

moins, entre les collectivités, la

coopérative scolaire et les familles.

Toujours trop chers, ces projets !

« Ils doivent bien y trouver un

avantage, ces enseignants, non ?

Sinon, ils arrêteraient ! » En dehors

du plaisir d’apprendre autrement,

dans des conditions hors normes ?

Non, rien. Incroyable !

Et ça leur coûterait même un

certain nombre d’heures de loisirs

pour organiser tout ça ? Ils doivent

être certainement masos !

Pourtant, ils récidivent. Même

s’ils savent qu’ils n’auront très

certainement que peu de mercis à

la descente. Parents trop pressés de

retrouver leur progéniture intacte.

Ils attendent probablement

lundi, histoire d’être sûrs que

leur marmot soit satisfait. Retour

sur investissement. « Ah, vous

cherchez juste la paire de

chaussettes oubliée par Mathilde.

La trouée ? » Et le sachet de vomi,

je vous le laisse aussi ?

Alors, ça doit être pour la gloire ?

Même pas ! Oh, ça fera quelque

chose à raconter à la prochaine

animation pédagogique. Mais la

vue de ma chambre sur la mer, elle

était sublime. Alors ça vaut bien

tous les mercis du monde. 

Classe de mer

© Imagesourceprem -123RF