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LA CLASSE MATERNELLE • N° 262 • 10/2017 •
119
La genèse
Pendant des années, j’ai fonctionné
avec une approche classique, en tirant
parti dumeilleur de cette pédagogie (la
différenciation, la manipulation, l’au-
tonomie…) et en tentant de composer
avec ce qui me semblait difficile et mal
approprié. Pour une douzaine d’élèves,
les apprentissagesme semblaient posés
et stables, mais il m’était parfois difficile
d’accompagner aumieux lesplus fragiles,
ceux qui ont besoin d’aller plus vite ou
ceux qui ont besoin de temps. C’est lors
d’une période de doute professionnel,
en 2014, que j’ai rencontré la pédago-
gie de Maria Montessori, en suivant
une formation dispensée pendant les
vacances scolaires par Agnès Putoud de
l’association La pédagogie Montessori
aujourd’hui. Cette dernière a engendré
des prises de consciencequi ont répondu
à beaucoup de mes questionnements.
Immédiatement, j’ai décidéd’opter pour
cette organisationqui plaçait réellement
l’enfant au centre, et ai donc pris contact
avec le chargé demission de la CARDIE,
Pascal Chabernaud, qui m’a accompa-
gnée et soutenue.
L’expérimentation
Dans le cadre de l’article 34 [désormais
article L. 401.1 du code de l’éducation],
j’ai construitmonprojet et sollicité l’aval
de mes collègues, du conseil d’école et
demon inspecteur, PhilippeMespoulhe,
qui m’a appuyée dès le début. Après
6mois de préparation, jeme suis lancée
dans l’aventure. J’ai opté d’emblée pour
un fonctionnement global ; j’ai préféré
ne pas mixer les deux approches pour
préserver l’esprit philosophique de
Maria Montessori. La manipulation
d’objets et de plateaux ne suffit pas ;
l’essentiel est le regard que l’on porte
sur l’enfant et sur soi, comment on
« l’aide à faire seul »
. Pour le matériel,
qui est étalonné scientifiquement, j’ai
beaucoup investi au début sur mes
propres deniers, puis j’ai reçu une aide
du rectorat et de la Région.
Le challenge était de proposer gratuite-
ment cette pédagogie à tous les enfants.
Même si cela a demandé beaucoup de
travail, ma foi en ce projet, mon inves-
tissement, le plaisir et les résultats des
élèves (8 GS sur 10 sont entrés dans
la lecture), le soutien des parents, la
bienveillance de l’équipe d’école et le
suivi institutionnel ont donné toute leur
force au projet.
Les débuts
J’ai commencé par vider ma classe
et réorganiser l’espace en aires : vie
pratique, développement sensoriel,
langage oral et écrit, mathématiques,
sciences, arts. J’ai fabriqué des éta-
gères au niveau des enfants afin qu’ils
puissent prendre en autonomie lematé-
riel, rangé dans l’ordre de progression
des apprentissages. Pour amorcer cette
nouvelle organisation, j’ai proposé dès
la rentrée des ateliers classiques (pâte
à modeler, puzzle, construction…) sous
la surveillance de l’ATSEM, très investie
également, pendant que je pré-
« L’essentiel
est le regard
que l’on porte
sur l’enfant et
sur soi. »
Au début, Christelle Papin-Cuenot
a financé elle-même son matériel.