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ACTU
&
INFOS
18
• LA CLASSE • N° 289 • 05/2018
par Guy Vermée
Gros plan sur la méthode de Singapour
Depuis 2008, avec PISA notamment mais aussi
avec des protocoles du seul niveau élémentaire,
les élèves singapouriens sont largement et dura-
blement en tête des classements internationaux
pour les mathématiques, devant la Finlande
ou la Corée.
À l’origine de ce succès étonnant, une
« méthode » élaborée dans les années 80 au
sein d’une Cité-État comptant 5500000 habi-
tants et parlant plusieurs langues dont l’anglais
(officiellement) et le chinois (le mandarin) pour
70 % de la population.
La méthode s’exporte très rapidement dans
le monde : aujourd’hui, on estime qu’elle est
pratiquée, partiellement ou totalement, dans
une soixantaine de pays. En France, quelque
120000 élèves seraient concernés.
Il n’en faut pas davantage pour que les experts
se penchent sur ce « miracle » qui provoque
un engouement jusque dans les plus hautes
sphères, puisque les récentes conclusions du
rapport Villani sur l’enseignement des mathé-
matiques à l’école font explicitement référence à
la méthode de Singapour. Mais de quoi s’agit-il
exactement ?
Principes généraux
de la méthode
Les principaux choix didactiques affirmés sont :
- le centrage sur des
résolutions de problèmes
;
- la mise en œuvre d’une
pédagogie explicite
censée favoriser simultanément les échanges
entre pairs et des pratiques métacognitives (les
élèves sont sans cesse invités à dessiner, à repré-
senter les situations proposées) ;
- le
rebrassage
d’une séance à l’autre ;
- la
différenciation
(à l’étape 3) ;
- une
progression spiralaire et massée
, par le
renoncement à une programmation hebdoma-
daire par domaines (numération, calcul, géomé-
trie, mesure…) ;
- la reconnaissance du
rôle positif de l’erreur
;
- des
supports visuels clairs
, épurés et réalistes
dans les documents élèves…
Nombre de ces options se situent directement à
l’origine de la délicate question de l’enseignement
des quatre opérations dès le CP. Les incondition-
nels de la méthode de Singapour pure et dure
devraient logiquement s’y conformer. L’actuel
ministre de l’Éducation ne cache pas qu’il y est
favorable, mais, de fait, les outils-élèves de 2017
proposés par la Librairie des écoles (éditeur pour
l’instant exclusif de la méthode de Singapour),
désormais gratifiés de l’étiquette « Programmes
2016 », se limitent à l’addition, la soustraction et
la multiplication conformément aux textes officiels
qui préconisent un délai (à partir du CE2) pour
l’introduction du formalisme de la division.
© EVAfotografie-iStock-182753951