Piloter les écoles par les données, c’est l’expérience menée par l’académie de Poitiers qui observe une progression des élèves après les évaluations nationales. Si l’académie explique cette réussite par l’utilisation d’une application de traitement des données, certains acteurs s’inquiètent du poids de la data à l’école.
Le 10 septembre 2024, l’intersyndicale appelait à faire grève contre les évaluations nationales. Généralisées à toutes les écoles depuis la rentrée 2024, elles se déroulent à des moments clés du parcours scolaire des enfants. En CP-CE1, les élèves sont évalués à la rentrée de septembre, puis en janvier, avant d’être évalués à nouveau en septembre de la rentrée suivante en CE1. À Poitiers, les résultats ont été analysés via une application informatique par les Dasen, IEn et conseillers techniques.
Simplifier l’analyse : une bonne idée ?
L’application dont l’académie de Poitiers est fière a l’avantage de visualiser les données des écoles sous la forme de graphiques en barres ou de nuages de points. Les fonctions comparatives, de moyennes ou de tri des résultats font gagner du temps aux cadres mais permettent également « de suivre la progression année par année de toutes les compétences évaluées en CP, en CE1 et à l’entrée en sixième depuis 2019 ». La simplification de la visualisation des données a permis, entre autres, aux équipes du rectorat de constater que la lecture en CP s’améliorait mais se dégradait en CE1. Il s’agit également de repérer celles qui s’en sortent bien afin qu’elles puissent aider les écoles en difficulté via des visites d’études. Selon le Dasen, c’est l’occasion pour les équipes enseignantes de prendre conscience de leur capacité à faire réussir les élèves à travers des exemples concrets.
Des syndicats toujours réticents
« Ces statistiques sont perçues comme une pression supplémentaire. Les collègues ressentent ces comparatifs comme une mise en concurrence des écoles », nuance Sandrine Guibert, secrétaire départementale du SE-Unsa. Aussi, les « évaluations ne portent que sur des items mesurables », ajoute Mathieu Menaut du Snuipp-FSU 86, ce qui ne reflète pas le résultat de l’ensemble des apprentissages des élèves.
Les évaluations nationales sont sources de stress chez les élèves, ce qui peut occasionner des ratages, comme le précise Sandrine Guibert. « Nous retrouvons ainsi des élèves classés dans le groupe 'à besoins' alors que le reste de l’année va confirmer qu’il n’en est rien », illustre-t-elle.