
Le Snuipp-FSU a dressé un constat alarmant lors d'une conférence de presse tenue le 8 avril. « L'école inclusive est en panne », estime le syndicat des enseignants du 1er degré. Il dénonce un manque de moyens alloués par le gouvernement et prend appui sur une consultation ayant recueilli plus de 67 000 réponses auprès des personnels de l'Éducation nationale (enseignants, AESH…).
Vingt ans après la loi de 2005, l'inclusion scolaire se fait « sans encadrement humain suffisant, et sans formation ni accompagnement des personnels », déplore Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU. Face à « l'explosion des signalements dans les registres santé sécurité au travail, et l'épuisement des équipes pédagogiques », le ministère de l’Éducation nationale resterait « sourd » aux alertes.
Des personnels qui se mobilisent : 67 000 réponses à la consultation
La consultation en ligne, ouverte à l'ensemble de la communauté éducative du 1er degré du 20 mars au 6 avril 2025, a rencontré un écho important. Avec 67 011 répondants, « c’est plus d’un personnel sur cinq qui s’est emparé de la consultation », souligne le Snuipp-FSU.
Les personnels ont été invités à choisir trois mesures prioritaires parmi sept propositions pour améliorer l'école inclusive.
Trois revendications se détachent nettement :
- L'ouverture de plus de places en établissements spécialisés, plébiscitée par 69,6 % des répondants ;
- Le recrutement d’AESH et la reconnaissance de leur métier (65 %) ;
- La réduction des effectifs de toutes les classes (53 %).
De plus, 49 % des répondants estiment qu'il faut créer davantage de postes spécialisés, voire qu'il faut développer des équipes pluriprofessionnelles (27 %).
Des résultats qui ne peuvent plus être ignorés par l'exécutif, selon le syndicat : « les personnels se sont exprimés : ils veulent une école inclusive qui soit une promesse tenue, pas une vitrine politique », conclut-t-il.
Un projet de loi pour renforcer le parcours des élèves handicapés
Dans le même temps, une nouvelle proposition de loi « visant à renforcer le parcours inclusif des élèves en situation de handicap » sera discutée en séance publique à l'Assemblée nationale le 5 mai 2025. Si la scolarisation des élèves handicapés en milieu ordinaire a connu une progression notable, des questions subsistent quant à la qualité des parcours et à l'insertion professionnelle des jeunes.
Face à un taux de chômage des personnes handicapées « près de deux fois supérieur à la moyenne nationale », la proposition de loi entend « renforcer l'accompagnement vers l'emploi » à travers trois leviers principaux.
Elle généralise le livret de parcours inclusif, dont l'application était initialement prévue pour janvier 2022, mais n'a pas été suivie d'effet. De plus, elle établit un observatoire national de la scolarisation et de l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap et permet aux enseignants de se former à l'accompagnement des AESH.
Alors que le ministère met en avant les outils et les dispositifs mis en place pour favoriser l'accueil des élèves handicapés, les personnels de terrain pointent du doigt un manque de moyens et un sentiment d'abandon. La proposition de loi actuellement en discussion à l'Assemblée nationale constituera-t-elle une réponse adaptée à ces difficultés ?