LA CLASSE • N° 290 • 06-07/2018 •
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SAUVE QUI PE !
P A R
É L É A N O R E ,
P R O F E S S E U R E D E S É C O L E S
Humeurs…
Ça y est, on y est repassé !
Quatre jours au lieu de
4 jours et demi, ça n’était
pas gagné. Désormais,
c’est l’exception qui fait
règle. Exception à laquelle
presque toutes les
communes souscrivent.
Certaines, proches du
gouvernement qui avait
souhaité remettre en place
la fameuse demi-journée
supplémentaire, s’étaient
enorgueillies dès 2013 de
faire partie des précurseurs.
Les mêmes ont résisté
jusqu’à cette année, arguant
le bien-être des bambins.
Je me trompe ou j’ai mal
écouté ? Je ne me souviens
pas avoir entendu notre président
ni son Premier ministre vanter
les mérites de l’une ou l’autre
formule. Ne pas se mouiller pour
ne froisser personne. Derrière
chaque parent d’élève se cache
un électeur.
Pugilat communal
L’agglomération voisine s’est
livrée à un combat acharné,
à la limite de la guerre civile !
Et l’intérêt de l’élève, dans tout
ça ? Les parents les plus ouverts
ont eux aussi jeté l’éponge.
« Nos enfants vont enfin pouvoir
retourner chez papi-mamie dès le
mardi soir ! » « Les lever pour 2 heures
le mercredi, c’était n’importe quoi. »
« Les activités extrascolaires étaient
toutes repassées au mercredi dès
cette année, alors… »
Même les
communes qui avaient proposé
une offre de qualité (on le
souhaite, à 30
€
de l’heure…), tels
des ateliers sciences, archéologie,
menuiserie, sports, anglais,
arts visuels… se sont vu opposer
des scores de 80 % favorables
aux 4 jours sans NAP. Les parents
préfèrent payer plein pot les
activités de leurs enfants, c’est
bien connu !
Liberté, Inégalité,
Fraternité
Côté budget, 4 jours et demi,
cela représente pour les
enseignants un aller et retour
supplémentaire par semaine.
Oui, bien sûr, on peut dire que
ce n’est rien si l’on habite au
bout de la rue, quoique les
frais de nourrice ne soient pas
gratuits. Mais si l’on réside à
30 kilomètres de l’école où
l’on exerce, un petit paquet
d’euros tout de même !
De quoi grever le budget
vacances de bon nombre.
« Plus que quelques mercredis »
,
chante ma collègue de maternelle,
tout heureuse à l’idée de retrouver
enfin un rythme qui lui convient.
Quant à moi ? Ni pour, ni contre.
Comme les élèves, je m’étais
habituée à la « petite journée ».
Peut-être que nous allons enfin
récupérer nos ouailles égarées
dans les écoles privées qui ont
eu le droit, elles, de conserver
leurs 4 jours durant ces 5 années.
On recrute comme on peut dans
les écoles de la République !
4 jours, le retour
© G. Piel