LA CLASSE • N° 290 • 06-07/2018 •
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Ne délaisser aucun élève
Le dispositif de scolarisation à desti-
nation des élèves intellectuellement
précoces existe depuis 3 ans, mais l’ex-
périmentationn’est totalement enplace
que depuis septembre. C’est récent et
tous les enseignants se l’approprient…
même les non-titulaires et les rempla-
çants.
« Nous sommes plus sensibilisés et
vigilants au haut potentiel, mais la grande
force de ce dispositif est d’accorder avec bien-
veillance unemême place à chaque enfant. »
Dans toutes les classes, on retrouve ainsi
des supports voire des postures iden-
tiques.
« On est toutefois libre de faire avec
ses outils. Pour ma part, j’échange beaucoup
avec Nathalie Déjardin-Bonnet et j’utilise
avec mes CP une version plus personnelle du
plan de travail. Je n’envisage aucun retour
en arrière. En frontal, j’aurais l’impression
de jouer à la maîtresse. »
Dans la classe de JulieGérôme, enCM1,
sont par exemple affichées les 10 alertes
(orthographiques et grammaticales)
que l’on trouve chez ses collègues du
Cycle 2 et les stratégies de calcul utili-
sées sont aussi les mêmes. Comme elle
a mis en place un plan de travail établi
sur une période.
« J’ai toujours procédé
ainsi, et cela s’est avéré d’une grande aide
avec les EIP. Mais, sans la formation de
Nathalie, je serais sûrement passée à côté
de certains. Aujourd’hui, en fin de journée,
j’organise un atelier philo. On y débattra de
l’égalité hommes-femmes. J’ai abordé cette
question, ce matin, puisque nous sommes
le 8 mars, et cela a suscité de nombreuses
réactions. Durant ces débats, on voit l’im-
pact du travail de socialisationmené autour
des EIP : ils y participent activement et leur
avis parfois détone. »
Méthode d’autoévaluation
« Vous avez le droit d’utiliser vos tableaux
de conversion. »
L’évaluation porte sur
le nombre décimal. Chez les CM2, le
silence est roi, les élèves connaissent
parfaitement leur rôle. Je suis installé au
fond de la classe, sur une table où sont
disposés plusieurs classeurs de fiches
de mathématiques, d’orthographe…
Ici aussi, il y a un plan de travail. «
Les
élèves ont 5 fiches au minimum à remplir
tous les 15 jours. Ils sont libres de choisir leur
domaine, notent eux-mêmes ce qu’ils ont
fait et la difficulté des fiches est symbolisée
par une couleur. C’est un outil qui mesure
vraiment la maturité des élèves. »
Arnault Gardais me présente sonmode
de fonctionnement et les projets de la
classe. La littérature y tient une place de
choix. Il a lui-même réalisé un nombre
important de fiches de lecture : des
QCM, des vrai-faux, des petits jeux…
en lien avec 8 livres que les enfants
découvrent tout au long de l’année.
Ils lisent actuellement
Ariane contre le
Minotaure,
de Marie-Odile Hartmann
(éd. Nathan), et cela plaît.
Privilégier l’échange
« Qu’as-tu à nous dire ? »
Le garçon, sou-
riant, se tient face à ses camarades,
« La grande
force du
dispositif
de scolarisation
des EIP est
d’accorder avec
bienveillance
une même
place à chaque
enfant. »
Les enfants sont acteurs et auteurs de leurs apprentissages.