LA CLASSE • N°277 • 03/2017 •
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Humeurs…
Écoutons ce que dit Nathalie
Mons, présidente du CNESCO,
tentant une analyse des plus fines
de PISA :
« À l’étranger, on s’est
rendu compte que les enfants ont des
rythmes différents, apprennent de
façons différentes, et on forme donc
les enseignants pour qu’ils puissent
s’adapter aux modes d’apprentissage
de chacun des élèves… »
Lorsque
j’ai entendu cela, ce matin-là, j’ai
bien failli m’étouffer en avalant
mon croissant… En France, on
ne s’en était pas rendu compte !
Merci PISA, merci Nathalie.
France Number 1
Par ailleurs, on dit la France bonne
première en matière d’inégalités,
qu’elle ne saurait pas gérer à
l’école. Elles sont pourtant le reflet
des inégalités de la société. C’est
un peu l’histoire de l’œuf et de la
poule : qui des deux est à l’origine ?
Si l’on constate que la France a du
mal à aider les 20 à 30 % d’élèves
en difficulté, en revanche, elle sait
très bien faire progresser ses bons
élèves. La réponse de Nathalie
Mons, et donc de notre ministre
à travers la réforme des collèges,
serait de ne surtout pas mettre en
place de parcours individualisés
pour les bons élèves afin de ne pas
augmenter lesdites différences.
Si je n’étais pas enseignante,
je conclurais qu’elles cherchent à
niveler par le bas. Proposons-leur
aussi de niveler les salaires des
élites par le bas. Comme ça, les
ouvriers, les chômeurs ou même
les enseignants ne se sentiraient
pas exclus du pays et ne vivraient
pas d’inégalités ! Ah non ? Ça n’est
valable que pour les élèves et le
système éducatif ?
Je m’inquiète de l’avenir de ces
élèves en difficulté à qui, mise
à part la pédagogie différenciée,
on ne sait pas quoi proposer en
dehors d’une malheureuse heure
d’APC. Après une journée de classe
ou sur leur temps de repas quand
leur pause méridienne le permet,
ou pire encore le vendredi soir,
après une bonne grosse semaine
de classe qu’ils ont déjà eu du mal
à digérer.
Mais je m’inquiète aussi pour ces
bons élèves qui ne se verront plus
proposer de matières différentes,
stimulantes, leur permettant de
chercher à nourrir leur curiosité,
à se dépasser. On verra d’ici
quelques années, mais ce ne sont
pas des cobayes !
Si notre système scolaire est envié
dans le monde entier pour notre
école maternelle de grande qualité
et de surcroît gratuite, n’ayant
rien à voir avec les
Kindergarten
de nos voisins, souvent à 200
€
la semaine, ce n’est pas le cas de
nos écoles élémentaires et de nos
collèges. Chacun y va de ses idées
pour une refondation de l’école,
alors oui à une refondation.
Mais pas sans moyens. Recycler
en matière d’enseignement, ce
n’est pas sérieux. Un remaniement
nécessite forcément des finances.
Avant tout, il faudrait que chaque
majorité cesse de vouloir jouer
à l’apprenti sorcier dès qu’elle
pointe son nez dans un nouveau
gouvernement. Une institution
de l’Éducation nationale
indépendante, comme celle de
la Justice, où les décideurs des
orientations ne changeraient
pas tous les quatre matins, serait
une innovation garante du suivi
d’une dynamique pédagogique
sur le long terme et ainsi l’espoir
d’une meilleure compréhension
des problématiques du terrain.
L’espoir fait vivre !
© DR