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• LA CLASSE MATERNELLE • N° 279 • 05/2019
UNE
COMPÉTENCE
,UNE
DÉMARCHE
4) Après une petite dizaine de propo-
sitions, je poursuis la chanson :
« Une
souris verte qui courait dans l’herbe, je
l’attrape par la queue, je la montre à ces
messieurs. Ces messieurs me disent : trem-
pez-la dans… »
et j’invite à nouveau
les enfants à inventer une suite. Ce
jour-là, ils ont trouvé :
« … dans la boue ;
dans le bain ; dans le lavabo ; dans les épi-
nards ; dans la terre »
, ou encore
« dans
la chambre »
: j’accepte cette dernière
proposition même si elle diffère du
reste puisqu’il s’agit d’un lieu. J’ac-
cepte même les propositions les plus
farfelues.
XX
UN TRAVAIL LANGAGIER
Ces jeux d’invention de comptines
sont donc à la fois un travail sur la
voix puisqu’on chante, et un travail de
structuration langagière. On recherche
ici des compléments, mais on peut
modifier les sujets des phrases, ou leurs
verbes. En chantant, nous faisons de
la grammaire et de la syntaxe. L’ap-
prentissage est amplifié par le plaisir
de la création.
Le travail des sons de la langue est aussi
à mettre en lien avec la phonologie.
Montrer aux enfants que la langue est
constituée de sons est en lien direct
avec le travail phonologique prépara-
toire à la lecture. Ce qui est visé, c’est
de prendre conscience que la langue
est constituée de sons afin de corri-
ger les représentations initiales de nos
jeunes élèves : montrer que l’écrit est
d’abord un assemblage de phonèmes
alors qu’ils s’imaginent en premier lieu
que les lettres, les mots, les phrases ne
sont que des images représentant les
objets eux-mêmes.
J’associe de temps à autre un support
visuel avec la comptine collée dans le
cahier d’apprentissages.
« J’ai une idée : dans le lavabo ! »
MONAVIS
Les sons, pas les syllabes
Je fais chanter aux enfants les sons isolés plutôt que les syllabes,
car je considère que le travail des syllabes ne doit se faire
qu’en fin de GS ou en CP, lorsque les représentations sur la
lecture sont conformes à la nature de l’écrit. L’enfant peine
à comprendre la valeur symbolique de l’écrit. Il a du mal à
accepter que les signes écrits ne soient que des sons, des
phonèmes. Un travail syllabique précoce fixe son attention
sur les syllabes et non sur les sons. Lorsqu’on joue oralement
à taper les syllabes, on envoie le message que lire comporte
des syllabes. Ce n’est pas faux, mais l’enfant de cet âge a
d’abord besoin demodifier sa représentation logographique
de l’écrit (les mots sont des dessins) pour parvenir à une
représentation stable sur la nature phonologique de l’écrit.
Si l’on travaille les sons isolés plutôt que les syllabes, on
évite de brouiller les pistes en aidant les plus fragiles à
accéder à l’écrit.