Des inégalités, toujours...

Publié le 23 novembre 2016 par Ivan

Dans sa passe d’armes avec le pape à propos des manuels scolaires français, accusés de distiller « sournoisement » la théorie du genre, la ministre de l’Éducation a fait preuve d’une fermeté tout à fait justifiée. Et à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre de celle qui fut un temps ministre des Droits des femmes. Combattre farouchement les discriminations hommes-femmes, en effet, ne signifie en rien nier les différences entre les sexes. La dérive serait de confondre les deux choses… mais qui, de bonne foi (c‘est le cas de le dire !), pourrait accuser l’école de s’y prêter ?

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Il est d’autres inégalités qui auraient dû faire bondir notre ministre, comme celles relevées par le CNESCO dans un rapport explosif publié fin septembre. Selon cet organisme d’évaluation du système scolaire, installé par Vincent Peillon en 2014, les inégalités scolaires ne cessent de s’aggraver depuis 30 ans, pénalisant les enfants issus de milieux défavorisés, en particulier dans les zones d’éducation prioritaire. Là, dénonce le rapport, les élèves ne bénéficient pas des mêmes méthodes pédagogiques que ceux des milieux favorisés, comme en mathématiques où « les tâches sont moins ambitieuses, les attentes plus basses ». Sans compter le temps passé à assurer la discipline, qui est autant de perte pour les disciplines. Le rapport décrit ainsi une « longue chaîne de processus inégalitaires » qui, au final, produisent de la « discrimination négative ». Au rang des accusés, « des politiques de compensation de la difficulté sociale » qui, au-delà des alternances politiques, se sont succédé sans jamais faire leurs preuves.

L’erreur fait progresser, tous les pédagogues vous le diront. À condition, bien entendu, de la reconnaître, de l’analyser et d’en tirer des enseignements utiles. C’est précisément ce que ne fait pas l’Éducation nationale depuis des décennies, et qui lui vaut ce bonnet d’âne. S’interroger sur la pertinence des politiques éducatives au regard des résultats obtenus est pourtant une nécessité, y compris lorsque celles-ci ont été inspirées par des idées généreuses et progressistes. La remise en question participe elle-même d’une démarche progressiste, et y renoncer revient à ouvrir un boulevard aux authentiques réactionnaires, chantres du « c’était mieux avant »et de la blouse grise.

En cela, la réaction très politique de la ministre de l’Éducation, qui n’a vu dans le rapport du CNESCO qu’« un réquisitoire contre dix ans de politiques de la droite » et un encouragement aux « orientations positives » de la Refondation, est non seulement « légère et infondée » (pour reprendre ses propres termes adressés au pape), elle est, osons le dire, coupable.

Édito La Classe de décembre

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