LA CLASSE MATERNELLE • N° 279 • 05/2019 •
121
CHRONIQUE D’ ÉCOLE
P A R
C H R I S T O P H E B A U D O T ,
I S F E C
L ’ O R A T O I R E
Humeurs…
L’estime de soi reste une
préoccupation majeure
du développement de la
personne.
Elle nous concerne donc
au premier chef car, étant
des professionnels de
l’apprentissage, nous ne
pouvons nous affranchir de
la nécessité de porter un
regard positif sur l’élève.
Plus largement, la société
tout entière s’est emparée
de la question, érigeant
même l’estime personnelle
en injonction à être heureux.
Comment pouvons-nous,
dans nos classes, résoudre
l’impossible équation de
l’apprentissage et de la sérénité ?
Est-il possible de faire en sorte
que tous nos élèves apprennent
et qu’ils soient tous heureux ?
Pourtant, quelques attitudes
devraient pouvoir permettre
de remplir le service minimum
du bonheur :
• S’interdire de juger un élève
en n’usant jamais de mots sur
ce qu’il est, mais seulement
sur ce qu’il fait.
• Accepter que tous ne suivent
pas à la même allure, de la même
façon.
• Accepter que certains enfants
ne puissent pas toujours être
attentifs.
• Penser à valoriser tous les
enfants, et en particulier les plus
fragiles, dès qu’ils franchissent
un petit pas.
• Être présent à nos élèves :
- les regarder, tous ;
- les accueillir, tous, en leur
souhaitant bonjour le matin,
à chacun, sans réclamer de
bonjour en retour. Le salut
spontané arrivera tôt ou tard,
alors que les plus réfractaires
pourraient être bloqués par nos
injonctions ;
- leur proposer notre
présence en étant, à
l’accueil, assis à un endroit
fixe qui leur permette de
nous rejoindre et se trouver
réconfortés à nos côtés ;
- s’interdire de montrer des
signes d’énervement. En cas
d’impossibilité, lorsque
l’impatience monte, trouver
des échappatoires qui nous
permettront de lâcher prise :
chanter, passer le relais à
notre ATSEM…
À vous de compléter la liste !
Voyant les adultes se
comporter de façon
positive, les enfants suivent à
n’en pas douter ce chemin : ils
estiment les autres et s’estiment
eux-mêmes.
Post-scriptum :
L’auteur de ces lignes a bien
conscience que les attitudes
qu’il appelle de ses vœux sont
difficiles à mettre en œuvre
et que lui-même n’y parvient
pas toujours. Il se dit que ce
n’est peut-être pas une raison
suffisante pour s’interdire
d’évoquer cette question si
fondamentale, et que, ce faisant,
il pourra lui-même progresser
dans la voie de la sagesse !
S’estimer
© C. Baudot