Mis en place dans les écoles depuis la rentrée, il peine à convaincre. Le pacte enseignant divise toujours les enseignants. Une mise en œuvre inégale, tensions dans les équipes, volume de travail trop important : que retient-on du pacte enseignant ?
Si aucun bilan officiel du pacte n’a encore été donné par le ministère de l’Éducation nationale, les syndicats ont leur avis sur la question. En septembre, Gabriel Attal avançait qu’un « enseignant sur quatre » aurait signé le pacte, mais la réalité est contrastée. Début décembre, le ministre annonce que « 16 % » des professeurs du premier degré ont pris part au pacte.
Pourquoi si peu d’engouement ?
La première raison est économique selon Olivier Paccaud, sénateur LR, qui indique dans un rapport sur le PLF 2024 que « les crédits prévus pour le pacte en 2024 sont inférieurs à ceux envisagés par le ministère l’année précédente ». Selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, « une bonne partie des collègues ne s’est pas retrouvée dans cet outil, qui a été perçu comme une charge de travail supplémentaire », ce qui explique en partie l’impopularité du pacte.
Une source de tensions dans les équipes enseignantes
D’une part, il y avait une rivalité entre pro-pacte et anti-pacte, mais le peu de missions disponibles a également forcé les enseignants signataires à entrer en concurrence. Pour Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, le pacte a « abîmé les collectifs au sein des écoles car quand on donne des parts à certains et pas à d’autres, on suscite des conflits entre les personnes ».
Des « écarts importants » sur les territoires
L’organisation du pacte s’est faite de manière « très inégale sur les territoires, ce qui crée des écarts importants sur les capacités à développer ou pas les dispositifs. C’est la limite d’un dispositif basé sur le volontariat », observe Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN. Dans le premier degré, « il y a une façon de gérer les choses très disparate par les IEN selon les circonscriptions, où des heures de pacte sont données pour faire des choses qui n’en relèvent pas », ajoute Guislaine David.
Au sujet des remplacements, le pacte a parfois amélioré la situation dans certains établissements, mais les difficultés persistent dans la majorité des écoles.
La question du pacte enseignant n’est pas close. Les syndicats demandent à en rediscuter avec le gouvernement, notamment pour éviter que le budget alloué au pacte ne soit « gâché ».