Mis en place progressivement dans les établissements scolaires, le pacte enseignant fait grincer des dents les professeurs. Certains se sentent forcés à y adhérer, d’autres se désolidarisent de leurs collègues signataires et les syndicats continuent de dénoncer ce contrat.
L’idée d’augmenter les salaires à condition de fournir du travail supplémentaire ne fait toujours pas l’unanimité au sein du personnel enseignant. Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à dénoncer le pacte. BeegTom, professeur des écoles, montre son agacement en publiant sur X : « L'argent du #PacteEnseignant nous permettrait de mieux vivre, certainement, mais à la seule condition qu'il nous serait octroyé sans contrepartie, parce que c'est ainsi que nous le méritons ».
Les syndicats tiennent le même discours, et dénoncent certains comportements adoptés face aux professeurs afin qu’ils signent le pacte. « On sait que dans certains endroits, il y a un chantage au pacte : si l’enseignant ne le signe pas, il ne pourra pas organiser de sorties scolaires » explique Sophie Venetitay, interrogée par 20 minutes. Une situation difficile pour les enseignants qui sont anti-pacte. Et pour les rares qui acceptent de signer, il n’est pas toujours évident de faire face aux collègues qui sont contre le dispositif.
Le pacte : une série limitée ?
Selon Gabriel Attal, lors d’une audition au Sénat le 8 novembre dernier, seuls 17 % des enseignants de primaire ont accepté de signer le pacte. Toutefois, rien d’alarmant pour le ministre de l’Éducation nationale : « Il n’a jamais été question que tous les enseignants signent le pacte, ne serait-ce que pour des raisons budgétaires, ce n'est pas possible. Ce n’est pas prévu. Il n’y en a pas pour tout le monde ». Selon lui, il n’est pas nécessaire que tous les professeurs signent pour couvrir les besoins des missions liées au pacte. Une remarque qui n’a pas manqué de faire réagir sur X. L’internaute SimineMM se dit « tellement, mais tellement dégoûtée par tout ça… ». KaptainFlamme, lui, est lucide : « Ça a toujours été très clair : pacte pour ceux qui veulent en faire plus. Et budgété à hauteur de 1/3 des profs ».
#NonAuPacteEnseignant
Les syndicats sont toujours remontés contre le pacte et ne souhaitent qu’une chose : son « abandon » et « l’utilisation du milliard d’euros pour des mesures sans contrepartie », comme le souligne le Snes-FSU dans un communiqué publié le 14 novembre 2023. Certains projets que les professeurs avaient l’habitude de mener jusqu’alors ne sont à présent réalisables que dans le cadre du pacte enseignant, à savoir dans la mission nommée « Coordination et prise en charge des projets d’innovation pédagogique ». Selon le syndicat, celle-ci est devenue un « un fourre-tout, puisque tous les projets ou clubs, missions passées ou à venir semblent pouvoir y rentrer, là encore au mépris des orientations de la note de service : organisation des journées sportives de rentrée, organisation d’un club ‘’journal’’, club échec… ».
Ainsi, le pacte peine à convaincre et reste largement critiqué au sein de la sphère enseignante.