Après son passage à l’Éducation nationale depuis juillet 2023, quel est le bilan du nouveau Premier ministre ? Il est à l’origine de multiples projets, censés améliorer le sort des enseignants, mais ils sont toujours dans la rue pour demander à être entendus.
Après cinq mois intensifs à l’Éducation nationale avec la volonté affichée de redresser la barre, Gabriel Attal n’a pourtant pas convaincu les principaux acteurs du milieu. En appliquant une politique marquée à droite de l’échiquier, en voulant faire régner l’ordre et l’autorité puis en insistant sur la mise en place d’expérimentations de l’uniforme, il semble avoir manqué le coche.
Des changements assumés
Modification du calendrier du baccalauréat, interdiction de l’abaya et du quamis, dès la rentrée le ministre s’est fait remarquer par des choix à l’encontre de l’opinion des syndicats. Il suit activement la politique du Président, à savoir réaffirmer l’autorité à l’école. Dès la mi-août, il affirme sa volonté d’« élever le niveau » des élèves. Ce qui, pour lui, passe par la « maîtrise des savoirs fondamentaux ». La refonte des programmes scolaires et la labellisation des manuels scolaires sont prévues pour résoudre la « baisse de niveau » des élèves. Côté collège, la question des groupes de niveau déchire les enseignants, qui s’inquiètent de voir leurs élèves triés sur le volet et discriminés de faire partie du « groupe des nuls ».
La question du harcèlement scolaire
Gabriel Attal n’a eu de cesse de s’exprimer au sujet du harcèlement scolaire. Témoignant lui-même en tant qu’ancienne victime, il a rappelé, à plusieurs reprises, vouloir combattre « ce fléau ». L’évènement #FaireFace a davantage relevé du coup de communication pour le ministre que d’une réelle aide pour les victimes. En décembre, il a annoncé que 1 000 écoles participeront à la mise en place de cours d’empathie pour apprendre aux élèves à être bienveillants et tolérants entre eux. Pour le ministre qui faisait de « la lutte contre le harcèlement scolaire » une « priorité absolue », certaines zones troubles laissent les enseignants perplexes. Après le suicide de Lucas, 13 ans, qui avait prévenu l’établissement des faits de harcèlement, aucune enquête administrative n’a eu lieu selon les investigations menées par Mediapart. Le ministre n’a jamais souhaité s’exprimer sur le sujet.
Des annonces sans suite
S’il est un professionnel de la communication, le ministre n’a pas réussi à convaincre les professeurs et les syndicats parce que les potentiels effets positifs de son passage ne sont pas ressentis sur le terrain. Selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, « les enseignants se sont très vite aperçus que les grands discours n’étaient pas suivis d’effets, dans leur quotidien, et que leur quotidien restait extrêmement difficile ».
Un bilan mitigé pour le ministre, qui a lancé de nombreux projets, multiplié les annonces, mais dont les impacts restent encore peu visibles.