“Betty, d’AVS à PE en ITEP”. Voilà certainement un titre d’article que seuls les professeurs des écoles seront en mesure de comprendre ! Surtout si on y ajoute que notre collègue est entrée dans le métier via le méconnu 3ème concours... Voici donc, pour les initiés aux acronymes de l’Education Nationale, le parcours de Betty...!
Vous enseignez actuellement dans un ITEP situé dans les Bouches-du-Rhône...
J'ai 43 ans et je viens de faire ma 5ème rentrée scolaire en tant que PE, à Aix en Provence (13). J'ai fait mon année de stage en REP puis mon année de T1 en partie dans la même école sur un poste fractionné (3 classes dans 2 écoles ). Puis j'ai demandé un poste en ITEP (au départ je l'avoue pour me rapprocher de chez moi mais je savais ce qui m'y attendait). Je viens donc de faire ma 3ème rentrée scolaire au sein de l'unité d'enseignement d'un ITEP internat 6-14 ans. C'est là qu'est ma place et c'est le poste qui me correspond, je pars donc en formation CAPPEI cette année pour me former et rester dans le spécialisé.
Votre parcours professionnel n’a rien d’une ligne droite...
J'ai un parcours un peu atypique : je n'ai pas de bac malgré de grandes capacités. J'ai été animatrice dans le socio-culturel pendant presque 15 ans. J'ai commencé par des colos et centres aérés puis j'ai travaillé dans un centre social, dans les quartiers. J'ai souhaité tout arrêter pensant avoir fait le tour de tour ce que ce métier pouvait m'offrir. J'ai passé un bac pro à 33 ans et suis devenue infographiste et webmaster. M'étant mise à mon compte et gagnant peu ma vie j'ai pris un poste d'AVS pour accompagner un enfant dyspraxique pendant 2 ans. Et c'est là que j'ai eu la révélation : j'ai adoré être en classe, travailler avec les enseignants, accompagner les élèves et j'ai repris goût à travailler auprès des enfants. C'était pour moi une évidence : devenir enseignante était la suite logique de mon parcours professionnel et c'est là qu'était ma place.
Comment devenir PE sans justifier d’un parcours universitaire ?
N'ayant pas de master, ni même de licence pour envisager un master j'ai passé le CRPE en 3ème voie. J'ai eu des notes plutôt correctes mais seulement 12 postes étaient offerts et mes nonnes notes ne suffisaient pas. C'est au bout de la 3ème fois que je l'ai obtenu. J'ai donc effectué mon année de stage et validé mon Master 2 MEEF avec mention. Depuis je m'épanouis pleinement dans mon métier. Enseignante pas tout à fait comme les autres, un peu spéciale, bientôt spécialisée, mon expérience professionnelle passée vient enrichir ma pratique d'enseignante.
Pouvez-vous nous raconter comment vous avez abordé ce concours ?
La 1ère année j'ai passé le concours exceptionnel (année de transition Sarkozy/Hollande). Je l'ai préparé via le Cned. Je n'étais pas admissible. La 2ème année je l'ai préparée seule. J'étais admissible mais malgré des notes correctes pas admise. La 3ème année je l'ai préparé seule aussi. J'étais sur liste complémentaire (16eme pour 12 postes). J'ai été recrutée en septembre.
Y avait-il beaucoup de postulants ?
Sur l'académie d'Aix Marseille il y a en moyenne 150 inscrits en 3ème voie. Ils en gardent en moyenne une trentaine pour l'oral. Le nombre de postes offerts est très bas (13 la 1ère année, 15 la 2ème et 12 la dernière). Mais c'était en 2015, je n'ai pas suivi les recrutements dans mon académie depuis. A savoir que les épreuves et les sujets sont exactement les mêmes qu'en externe et que les examinateurs ne savent pas si nous sommes en externe ou 3ème voie (enfin normalement...).
Quels conseils pourriez-vous donner à ceux qui voudraient le tenter ?
Les conseils que je pourrais donner à quelqu'un qui souhaiterait se préparer au 3ème concours c'est de ne pas hésiter. C'est dur, il y a beaucoup de travail à fournir mais bien souvent les gens qui présentent le 3ème concours sont en reconversion. Il s'agit alors d'un choix mûrement réfléchi et de véritable vocation. Quand l'envie et la motivation sont là, rien n'est impossible.