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LA CLASSE • N° 316 • 02/2021 •
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1
Hansel et Gretel (1)
2
Hansel et Gretel (2)
3
C’est dans ton assiette !
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• LACLASSE •N° 316 • 02/2021
HanseletGretel
1
d’après les frèresGrimm
ANNEXE1
À l’oréed’unegrande forêtvivaientunpauvre
bûcheron, sa femmeet sesdeuxenfants.
Legarçon s’appelaitHanselet la filleGretel.
Uneannéeque la famine régnaitdans lepays
etque lepain lui-mêmevintàmanquer, le
bûcheron ruminaitdes idéesnoires. Ildità
sa femme :
–Qu’allons-nousdevenir?Commentnourrir
nospauvresenfants,quandnousn’avonsplus
rienpournous-mêmes?
– Ehbien,monhomme,dit la femme,dès l’aube,
nousconduirons lesenfantsauplusprofondde la forêt
etnous les y laisserons seuls. Ilsne retrouverontplus leurchemin
etnousen seronsdébarrassés.
–Non, femme,dit lebûcheron. Jene feraipascela !Commentpourrais-jeme
résoudreà laissernosenfants tout seulsdans la forêt? Lesbêtes sauvagesne
tarderaientpasà lesdévorer.
– Idiotque tues ! rétorqua-t-elle, tupréfèresdoncquenousmourionsde faim tous
lesquatre?
Ellecontinuaet insista jusqu’àcequ’ilconsentît.
Lesdeuxpetitsn’avaientpaspu s’endormir tant ilsavaient faim. Ilsavaient
entenduceque lamarâtredisaità leurpère.Gretelpleurades larmesamères
etdità son frère :
–C’enest finidenous !
–Ducalme,Gretel,ditHansel.Ne t’en faispas; je trouveraiunmoyendenous
en tirer.
Quand lesparents furentendormis, il se leva,enfila seshabits,ouvrit lachatièreet
seglissadehors. La lunebrillaitdans lecielet lesgraviersblancs,devant lamaison,
étincelaientcommedesdiamants.Hansel sepenchaetenmitdans sespoches
autantqu’ilput.
Quandvint le jour,avantmêmeque le soleilne se levât, la femme réveilla les
deuxenfants :
–Debout,paresseux !Nousallonsdans la forêtpour ychercherdubois.
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Elledonnaunmorceaudepainàchacunetdit :
–Voicipour le repasdemidi.
Ne lemangezpasavant,carvous
n’aurez riend’autre.
Comme lespochesdeHansel
étaientpleinesdecailloux,Gretel
mit lepaindans son tablier.Puis
ils semirent tousen routepour
la forêt.Àchaquearrêt,Hansel
prenaituncailloublancdans sa
pocheet le jetait sur lechemin.
Quand ils furentarrivésaumilieude
la forêt, lepèredit :
–Maintenant, lesenfants, ramassezdubois ! Je vaisallumerun feupourquevous
n’ayezpas froid.
Le feupris, la femmedit :
–Couchez-vousauprèsde lui, lesenfants,et reposez-vous.Nousallonsabattre
dubois.Quandnousaurons fini,nous reviendronsvouschercher.
HanseletGretel s’allongèrentauprèsdu feuetquandvint l’heuredudéjeuner,
ilsmangèrent leurmorceaudepain.Comme ilsétaientassis làdepuisdesheures,
les yeux finirentpar leur tomberde fatigueet ils s’endormirent.Quand ils se
réveillèrent, il faisaitnuitnoire.Gretel semitàpleureretdit :
–Comment ferons-nouspour sortirde la forêt?
Hansel laconsola :
–Attendsencoreunpeu,dit-il, jusqu’àceque la lune soit levée.Alors,
nous retrouveronsnotrechemin.
Quand lapleine lunebrilladans leciel, ilprit sa sœurpar lamainet suivit les
petitscaillouxblancs. Ilsétincelaientcommedesécus fraisbattuset indiquaient
lechemin. Lesenfantsmarchèrent toute lanuitet,quand le jour se leva,
ilsatteignirent lamaisonpaternelle.
Peude tempsaprès, lamisère régnadeplusbelleet lesenfantsentendirent
ceque lamarâtredisait,pendant lanuit,à sonmari :
– Ilnenous resteplus rienàmanger,unedemi-miche seulement,etaprès, finie
lamusique ! Il fautnousdébarrasserdesenfants;nous lesconduironsencoreplus
profonddans la forêtpourqu’ilsnepuissentplus retrouver leurchemin; iln’ya rien
d’autreà faire.
…
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Lesenfantsn’étaientpasencoreendormisetavaient toutentendu.Quand les
parents furentplongésdans le sommeil,Hansel se levaavec l’intentiond’aller
ramasserdescaillouxcomme la foisprécédente.Mais lamarâtreavaitverrouillé
laporteet legarçonneput sortir. Ilconsolacependant sapetite sœur :
–Nepleurepas,Gretel,dors tranquille; lebonDieunousaidera.
Tôt lematin, lamarâtre fit lever lesenfants. Elle leurdonnaunmorceaudepain,
pluspetitencoreque l’autre fois. Sur la routede la forêt,Hansel l’émiettadans
sapoche; il s’arrêtait souventpouren jeterunpeu sur le sol. Lamarâtreconduisit
lesenfantsau fin fondde la forêt,plus loinqu’ilsn’étaient jamaisallés.On y refit
ungrand feuet la femmedit :
–Restez là, lesenfants.Quandvous serez fatigués,vouspourrezdormirunpeu.
Nousallonscouperduboiset,ce soir,quandnousaurons fini,nousviendrons
vouschercher.
La soiréepassa sansquepersonnene revîntauprèsd’eux. Ils s’éveillèrentaumilieu
de lanuit,etHanselconsola sapetite sœur,disant :
–Attendsque la lune se lève,Gretel,nousverrons lesmiettesdepainque j’ai
jetées;ellesnousmontreront lecheminde lamaison.
Quand la lune se leva, ils semirenten route.Maisdemiettes,point. Lesmille
oiseauxdeschampsetdesbois lesavaientmangées. Lesdeuxenfantsmarchèrent
toute lanuitet le jour suivant, sans trouverà sortirde la forêt. Ilscontinuèrent
àmarcher, s’enfonçant toujoursplusavantdans la forêt. Sipersonnene venait
à leuraide, ilsne tarderaientpasàmourir.
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Àmidi, lesenfants virentun jolioiseau surunebranche,blanccommeneige.
Ilchantait sibienqu’ils s’arrêtèrentpour l’écouter.Quand ileut fini, ildéploya
sesailesetvoladevanteux. Ils le suivirent jusqu’àunepetitemaison sur le toitde
laquelle lebeloiseaublanc sepercha.Quand ils s’en furentapprochés toutprès,
ils virentqu’elleétait faitedepaind’épiceet recouvertedegâteaux. Les fenêtres
étaienten sucre.
–Nousallonsnousmettreau travail,ditHansel,et faireun repasbénide roi.
Jemangeraiunmorceaudu toit;çaa l’airbon !
Hanselgrimpa sur le toitetenarrachaunpetitmorceaupourgoûter.Gretel semit
à lécher lescarreaux.Onentenditalorsune voix suavequi venaitde lachambre :
– Langue, langue lèche !Quidoncmamaison lèche?
Lesenfants répondirent :
–C’est le vent,c’est le vent,c’est lecélesteenfant.
Et ilscontinuèrentàmanger sans se laisserdétournerde leur tâche.
Laporte, toutàcoup, s’ouvritetune femme, vieillecomme lespierres, s’appuyant
surunecanne, sortitde lamaison.HanseletGreteleurent sipeurqu’ils laissèrent
tomber toutcequ’ils tenaientdans leursmains. Lavieille secoua la têteetdit :
– Entrez, venezchezmoi ! Ilne vous sera faitaucunmal.
Elle lesprit tousdeuxpar lamainet les fitentrerdans lamaisonnette. Elle leur servit
unbon repas,du laitetdesbeignetsavecdu sucre,despommesetdesnoix.
Ellepréparaensuitedeuxpetits lits.HanseletGretel s’ycouchèrent. Ils secroyaient
auparadis.
SuiteAnnexe 2
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HanseletGretel
2
d’après les frèresGrimm
Mais l’amitiéde la vieillen’étaitqu’apparente.
En réalité,c’étaituneméchante sorcièreà
l’affûtdesenfants. Ellen’avaitconstruit la
maisondepaind’épicesquepour lesattirer.
Quandelleenprenaitun,elle le tuait, le faisait
cuireet lemangeait.Pourelle,c’étaitalors
jourde fête.Quandelle les vitqui reposaient si
gentiment,avec leursbonnes joues toutes roses,
ellemurmura :
–Quelbon repas jevais faire !
ElleattrapaHanselde samain rêche, le
conduisitdansunepetiteétableet l’yenferma.
Ileutbeaucrier,celane lui servità rien. La sorcière s’approchaensuitedeGretel,
la secouapour la réveilleret s’écria :
–Debout,paresseuse !Vachercherde l’eauetpréparequelquechosede
bonàmangerpour ton frère. Ilestenferméà l’étableet il fautqu’ilengraisse.
Quand il seraàpoint, je lemangerai.
Gretel semitàpleurer,maiscelane lui servità rien. Elle futobligéede fairece
que luidemandait l’ogresse.Onpréparapour lepauvreHansel lesplats lesplus
délicats.Gretel,elle,n’eutdroitqu’àdescarapacesd’écrevisses.
Tous lesmatins, la vieille seglissait jusqu’à l’étableetdisait :
–Hansel, tends tesdoigts,que je voie si tuesdéjàassezgras.
MaisHansel tendaitunpetitoset la sorcière,quiavaitdemauvais yeux,ne
s’en rendaitpascompte. Ellecroyaitquec’étaitvraiment ledoigtdeHansel
et s’étonnaitqu’iln’engraissâtpoint.
Quandquatre semaines furentpassées,etque legarçonétait toujoursaussi
maigre,elleperditpatienceetdécidadenepasattendreplus longtemps.
–Holà !Gretel,cria-t-elle,dépêche-toid’apporterde l’eau.QueHansel soitgras
oumaigre,c’estdemainque je le tueraiet lemangerai.
Debonmatin,Gretel futchargéede remplird’eau lagrandemarmiteetd’allumer
le feu.
–Nousallonsd’abord faire lapâte,dit la sorcière. J’aidéjà faitchauffer le four
etpréparécequ’il faut. Ellepoussa lapauvreGretel vers le four,d’où sortaient
degrandes flammes.
ANNEXE2
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– Faufile-toidedans !ordonna-t-elle,etvois s’ilestassezchaudpour lacuisson.
Elleavait l’intentionde fermer le fourquand lapetite y seraitpour la faire rôtir.
Ellevoulait lamanger,elleaussi.MaisGreteldevina sonprojetetdit :
– Jene saiscomment faire,commententre-t-ondansce four?
– Stupidedinde !dit la sorcière, l’ouvertureestassezgrande,vois, jepourrais
yentrermoi-même.
Etelle ypassa la tête.AlorsGretel lapoussa
vivementdans le four,claqua laporteetmit le
verrou. La fillette s’enallaetcetteépouvantable
sorcièren’eutplusqu’à rôtir. Ellecourutaussi vite
qu’elle lepouvaitchezHansel. Elleouvrit lapetite
étableetdit :
–Hansel,nous sommes libres ! La vieille sorcière
estmorte !
Hanselbondithorsde saprison,aussi rapide
qu’unoiseaudontonvientd’ouvrir lacage.Comme ilsétaientheureux ! Ils
pénétrèrentdans lamaisonde la sorcière.Dans tous lescoins, il yavaitdescaisses
pleinesdeperlesetdediamants.
–C’estencoremieuxquemespetitscailloux !ditHanselen remplissant sespoches.
EtGretelajouta :
–Moiaussi, je veuxen rapporterà lamaison !
Etelleenmit tantqu’elleputdans son tablier.
–Maintenant, ilnous fautpartir,ditHansel, sinous voulons
fuircette forêtensorcelée.
Lesenfants s’aperçurentauboutdequelque tempsque
la forêt leurdevenaitdeplusenplus familière. Finalement,
ils virentau loin leurmaison. Ils semirentàcourir, se ruèrent
dans lachambrede leursparentset sautèrentaucoude
leurpère.
L’hommen’avaitpluseuune seuleminutedebonheur
depuisqu’ilavaitabandonné sesenfantsdans la forêt.
Sa femmeétaitmorte.Gretel secoua son tablieret les
perleset lesdiamants roulèrentà travers lachambre.
Hanselen sortitd’autresde sespoches,parpoignées.C’enétait finides soucis.
Ils vécurentheureux tousensemble.
Illustrations :Pankaj Jagya - iStock
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ANNEXE3
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Pageextraitede « Lectures »RuedesContesCE1,© ÉditionsMagnard, 2009 (pages 64et65)
Annexes