LA CLASSE MATERNELLE • N°258 • 04/2017 •
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possède son art, l’enfant, lui, en est possédé. »
C’est pourquoi notre collègue insiste tant sur la
nécessité de verbaliser ce travail.
« Il faut prêter
de l’attention aux œuvres, prendre le temps de les
interpréter, rêver devant les dessins des enfants :
moi, j’y vois une montagne, un monstre… Oui, il
faut féliciter, mais il faut aussi faire expliciter les
choses, car cela éduque le regard et donne de la
valeur aux productions. »
Investir le coin peinture
Dans l’école de Maëliss, située en région
parisienne, il n’y a pas de poste d’ATSEM. C’est
d’ailleurs cette malheureuse circonstance qui
l’a poussée à s’investir dans le coin peinture et
à s’intéresser sérieusement à la question, bien
que n’ayant aucune formation initiale dans le
domaine.
« Il faut être clair sur les apprentissages,
et bien cerner ce qu’on peut apprendre à travers
les activités. Quand on peint, qu’apprend-on ? Les
aspects langagiers sont importants car les enfants
aiment faire “pour faire”. Mais c’est tellement plus
riche de leur faire verbaliser leur démarche, expli-
quer leur procédé, leur technique pour réaliser
telle trace, de partager leurs expériences avec
le groupe ! »
poursuit méthodiquement Maëliss.
Après plus de dix ans d’expérience dans l’ensei-
gnement, notre collègue se considère toujours
comme une éternelle débutante. Un jugement
certainement révélateur de cette capacité à se
questionner sans cesse que l’on souhaite trans-
mettre à nos élèves !
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> limaginarium.ac-versailles.frI N T E R V I E W
Peux-tu nous dire quelques mots
sur ta classe et ton école ?
Je travaille dans une école maternelle
de 4 classes. J’ai une classe de GS avec
27 élèves, sans ATSEM.
Quelle pourrait être ta séance préférée ?
Ce serait une séance de dessin libre où
chacun explique son dessin à la classe.
Chaque élève fait cadeau d’un peu de
son univers à toute la classe. Ce sont des
séances très riches car les élèves sont très
concentrés et les échanges langagiers sont
intéressants.
Une lecture pédagogique à conseiller
à nos collègues ?
Construire le goût d’apprendre à l’école
maternelle
, dirigé par Christine Passerieux
(éd. Chronique sociale). Un livre
plein d’idées pour partager le plaisir
d’apprendre en classe.
Des bons souvenirs d’enseignante ?
Il y en a beaucoup ! Je fais provision
d’une multitude de bons souvenirs pour
les moments de doute et les journées
difficiles… Je garde en mémoire plein
de petites conquêtes de mes élèves,
spécialement de ceux qui rencontrent des
difficultés. J’ai aussi d’excellents souvenirs
de leur émerveillement devant des œuvres
du patrimoine réputées trop difficiles
pour des maternelles : le chant lyrique,
le ballet, les tableaux de grands maîtres
hollandais…
« Déluge »
« Les visages de Picasso »