Cher Père Noël, quand tu descendras du ciel, n’y retourne pas vite fait bien fait mais invite-toi chez notre Jean-Michel. Inutile de lui offrir un énième cadeau. Sa place de ministre l’a mis à l’abri de ce côté-là. Mais porte-lui pour présents nos doléances. S’il ne nous écoute pas, nous, peut-être qu’il t’entendra, toi. Toi qui, comme lui, es censé te préoccuper des enfants. N’hésite pas à lui apprendre comment mieux se servir des médias, des réseaux, et ne pas imaginer que ceux-ci ne fonctionnent qu’à sens unique. Communiquer, c’est bien, mais écouter en retour, c’est mieux.
Alors, oui, on est loin des prochaines évaluations qui ont occupé une bonne partie de nos mois de septembre et octobre, mais vu la précipitation pour mettre en place la chose cette année, je me dis que 6 ou 7 mois ne lui seront pas de trop s’il souhaite tendre l’oreille. Encore faudrait-il qu’il n’ait pas démissionné d’ici là. C’était à la mode, dernièrement. Je pensais qu’à force d’évaluations passées dans les différents départements, nos remarques avaient fini par remonter. Ben non, c’est comme les fluides, c’est toujours vers le bas. Pas même une évaporation possible dans l’autre sens. Donc, comme c’est écrit sur les livrets, maintenant, nous sommes à « l’école de la confiance ». On n’a pas dit si c’était pour la mettre en place… ou la saper, la confiance ! Parce que là, c’est réussi. Tout juste après 15 jours où nous avions fait connaissance avec nos élèves, où on avait justement réussi à s’apprivoiser, à être « en confiance ». Eh ben, une bonne petite série d’évaluations chez les CP et les CE1, parfois même en CE2 à l’échelle départementale, en a fini de cette confiance. Histoire de bien vérifier qu’elle n’était pas encore suffisamment solide. Remise à zéro, reset ! Oh, tout juste quelques larmes et crises d’angoisse pour certains élèves. Comme chez ces CE1 qui croyaient savoir lire et qui se sont retrouvés face aux fameuses listes de mots à avaler en 1 minute. On a essayé avec un excellent lecteur de CM2. Ben, il a bouclé la chose en 51 secondes. Un delta de 9 secondes pour un élève qui sort tout juste de CP, c’est jouable… Et la méthode Singapour tout en filigrane, à peine cachée. Pas une fioriture dans toutes ces listes qui pourrait distraire notre élève. On la sent bien, l’austérité. Au boulot, au boulot, et le tout chronométré ! C’est quand tu corriges que tu rigoles moins. 1 erreur sur 6 réponses, et hop, démolie la confiance ! Entre les heures de passation mal estimées, celles de correction, de saisie et de « rendez-vous famille » pour tenter de récupérer la situation avec des parents en panique : une vraie réussite, ces évaluations !
En même temps, ce n’est pas de la faute des concepteurs, ils n’ont même pas pu les tester, leurs évaluations. Ils étaient tous en vacances, les gamins, quand elles ont été achevées. D’ailleurs, si ces dernières avaient été raccourcies, le problème ne se serait pas posé. Méthode Blanquer : CQFD.
Alors, petit Papa Noël, n’oublie pas de dire à Jean-Michel que, si la bienveillance et le bien-être à l’école n’étaient pas du seul ressort de ses lutins, son école serait bien plus belle. Pour info, moi, c’est mon PC qui aurait besoin d’une réévaluation. Et on n’oublie pas les carottes au pied du sapin. Si, si, tes rennes, eux, ils apprécieront.