Elles viennent des personnels, des élèves et des parents, les saisines à la médiation de l’Éducation nationale ont connu une hausse en 2023. 14 % d’entre elles concernent le premier degré. Des chiffres qui témoignent d’une dégradation du climat scolaire et d’une souffrance du personnel, selon la médiatrice Catherine Becchetti-Bizot.
Les enseignants, parents ou élèves peuvent faire appel aux médiateurs de l’Éducation nationale « en cas de désaccord avec une décision ou de conflit avec un service de l’administration ou entre membres de la communauté éducative ». Cette année est marquée par un climat scolaire dégradé et une augmentation du nombre de signalements de 12 %. L’année 2023 a donc été une période très intense pour la médiation, souligne Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l’Éducation nationale dans son rapport annuel présenté le 17 juillet 2024. Les centaines de pages du rapport analysent toutes les problématiques rencontrées par l’école en 2023 qui ont été signalées via les saisines.
Vers une « meilleure prise en compte de la souffrance des personnels »
« Un sentiment d’essoufflement se fait sentir chez un certain nombre d’agents » signale la médiatrice. 13 % des saisines des personnels en 2023 font état « d’un mal être ou d’une souffrance au travail », un chiffre en augmentation de 78 % depuis 5 ans. Les professeurs contestent des atteintes à leurs enseignements et des difficultés liées à la mise en œuvre de l’École inclusive. Les équipes font face à des dilemmes pédagogiques et doivent concilier « la progression de leur classe » et « l’accompagnement individualisé de certains élèves aux besoins particuliers ». Un extrait de saisine insiste sur le « parcours du combattant » mené par un couple dont l’enfant de 5 ans est autiste vis-à-vis de son inclusion à l’école. Le rapport recommande une meilleure anticipation des besoins de ces élèves, de favoriser leur prise en charge mais aussi de renforcer la formation des professionnels à ce sujet.
Les violences en hausse
L’agressivité ainsi que les violences verbales ou physiques sont en hausse dans les relations entre les familles et l’école. « L’autorité ne se décrète pas, mais se construit en construisant un lien de confiance entre les personnes », rappelle Catherine Becchetti-Bizot en réaction aux mesures proposées par Gabriel Attal en avril dernier. La relation conflictuelle entre les familles et l’établissement est « davantage présente dans le secteur de l’enseignement primaire » selon un médiateur académique. Dans le premier degré public, les IEN ont déclaré 4,6 incidents graves pour 1 000 élèves en 2022-2023, contre 3 en 2021-2022. Pour répondre à ces demandes, la médiatrice mise sur « la nécessité d’une meilleure prise en compte de la vulnérabilité des personnels ».