Fuite des fonctionnaires, préavis de grève, écoles squattées, manque d'enseignants… La rentrée à Mayotte inquiète de plus en plus les syndicats et les élèves mahorais. Le ministère tente de colmater les brèches avant le 20 janvier.
Mayotte sera-t-elle vraiment « debout » pour la rentrée ? Les syndicats enseignants soulignent l'incertitude générale qui règne sur place. Les familles réfugiées dans les écoles ont été sommées de quitter les lieux, afin de laisser la place aux élèves pour leur rentrée prévue le 20 janvier. Les enseignants sont attendus en classe dès le 13 pour se préparer à leur arrivée, avec l'appui de deux IGESR et d'un IA-IPR. La tempête tropicale Dikeledi qui s’est abattue sur l’île le dimanche 12 janvier n’arrange pas la situation, inondant à nouveau certains sites déjà fragilisés.
Un « nouveau départ »
« La semaine du 13 janvier sera déterminante », insiste Jacques Mikulovic, qui souhaite un « nouveau départ » pour Mayotte. Le recteur de l'académie de l'île, souhaite avant tout « garder l'exigence » au regard des programmes et des attendus envers les élèves, tout en s'adaptant aux conditions de l'archipel. Dans le premier degré, environ 70 % des salles seraient utilisables à la rentrée. Le recteur précise toutefois que dans certaines circonscriptions comme Pamandzi et Chiconi, « l’impact est bien plus lourd », et la moitié des classes est inutilisable.
Le 30 décembre, le Premier ministre François Bayrou avait annoncé la mise en place du plan « Mayotte debout ». Réparer les classes, faire appel à des étudiants et retraités volontaires pour pallier le manque d'enseignants et reconstruire Mayotte en sont les principales mesures.
Il a également annoncé qu'une « scolarisation temporaire dans l'Hexagone » était possible pour toutes les personnes qui le souhaitaient. Le projet de loi d'urgence se donne deux ans pour reconstruire Mayotte.
Des enseignants à bout de souffle
Les syndicats enseignants ont déposé un préavis de grève reconductible à dater du 13 janvier, date de rentrée des professeurs. « Nous sommes conscients et désireux que nos élèves reprennent une scolarité normale », explique l'intersyndicale, mais pas « à n'importe quelle condition », ni si cela est synonyme de danger. « Les dégâts sont considérables, beaucoup de nos collègues sont restés et restent encore sans toit, sans eau, sans électricité et ont perdu des biens matériels », rappelle l'intersyndicale, jugeant que les enseignants ont « besoin de souffler, de s'abriter, de soigner leurs traumatismes » avant la reprise.
IGESR = Inspecteurs généraux de l'Éducation, du Sport et de la Recherche
IA-IPR = Inspecteur d'académie-inspecteur pédagogique régional