Fin août, Gabriel Attal avait encouragé la mise en place de l’uniforme dans les collectivités volontaires. Plusieurs d’entre elles se sont manifestées en faveur de cette expérimentation. Le port de l’uniforme fait débat et les syndicats enseignants se montrent fermes à ce sujet.
Longtemps oublié car critiqué, l’uniforme fait son retour dans certaines écoles. Il semble être la suite logique de la politique « d’autorité » voulue par Emmanuel Macron et Gabriel Attal, qui s’inscrit dans une tradition ancrée à droite sur l’échiquier politique. Plusieurs villes, départements et régions ont fait connaître leur envie d’expérimenter le port de l’uniforme dans certains établissements scolaires, sur la base du volontariat.
Les arguments pour le port de l’uniforme
Majoritairement situées à droite ou à l’extrême droite, les collectivités en faveur du port de l’uniforme expliquent leur position. Le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, s’est montré favorable à la proposition du ministre. La commune précise ainsi dans un communiqué que, selon elle, « l’uniforme efface les différences entre élèves sans que soient prises en compte ni considérées leurs origines sociales ou culturelles, ni les opinions ou orientations philosophiques ou religieuses de leurs parents ». Suivent des arguments financiers, car l’achat d’un uniforme éviterait les dépenses dans des vêtements de marque pour les parents. Mais l’un des objectifs de la ville est celui de « dissuader les élèves de venir à l’école avec des vêtements religieux ». Ces propos ont fait réagir Jérôme Guy, membre du Snuipp66, qui rappelle que « dans les écoles de Perpignan, il n’y a pas de problème de signes religieux ostensibles ».
Laurent Wauquiez, président du conseil régional, a quant à lui déclaré que la Région Auvergne-Rhône-Alpes était « prête à expérimenter le port de l’uniforme ». Pour lui, « il s’agit d’une expérimentation. On peut être pour ou contre, mais tester une idée ne peut être que positif ». La ville de Limoges s’est, elle aussi, montrée favorable au port de l’uniforme dans certains établissements.
Les réactions des syndicats et opposants politiques
Dans un communiqué de presse, Maxime Meyer, co-président du groupe Les Écologistes au conseil régional, regrette que « Laurent Wauquiez préfère prioriser la dépense publique pour l’achat d’uniformes qui ne régleront en aucune mesure les inégalités sociales, plutôt que d’investir massivement dans la rénovation de nos lycées délabrés et thermiquement poreux ».
Autre problème concernant la mise en place de l’uniforme : son coût. Dans le département des Bouches-du-Rhône, une estimation précise qu’il faudrait environ 10 millions d’euros pour fournir des uniformes dans tous les établissements scolaires. « Imaginez ce qu’on peut faire pour lutter contre les inégalités avec cette somme », argumente Marion Chopinet, secrétaire académique du Snes-FSU. Elle souligne notamment la mise en place possible de « la gratuité à la cantine » ou « d’abondement des fonds sociaux des établissements ».
Une étude menée par l’Américain Arya Ansari dans l’Ohio en 2022 a d’ailleurs montré que les effets du port de l’uniforme étaient plus que limités. Il n’a pas relevé d’impact positif vis-à-vis du comportement des élèves. Aussi, le sentiment d’appartenance à l’école était inférieur pour les élèves portant un uniforme par rapport aux élèves qui n’en portaient pas.
Sujet sensible, le port de l’uniforme ne met pas tout le monde d’accord, bien qu’il reste à un stade d’expérimentation.