La mixité sociale et scolaire est un enjeu de taille pour les établissements scolaires, visant à améliorer l’expérience de chaque élève dans son parcours. Le 11 mai dernier, Pap Ndiaye a annoncé les mesures prévues à ce sujet. L’objectif est de faire progresser la mixité dans les établissements publics mais aussi privés.
Partant d’un constat alarmant, le ministère de l’Éducation nationale propose un plan pour lutter contre les phénomènes de « ségrégation sociale ». En effet, « la France est l’un des pays de l’OCDE où les déterminismes sociaux pèsent le plus sur la réussite scolaire des élèves », selon le gouvernement. Par exemple, certains enfants dont les parents ont l’habitude de lire pourront à leur tour être en contact avec des livres quotidiennement, ce qui est d’autant plus fréquent pour les enfants de cadres ou de catégories sociales diplômées. L’objectif de Pap Ndiaye est de « réduire la ségrégation sociale des établissements scolaires publics de 20 % d’ici à 2027 ».
L’indice de position sociale
Un outil a été mis en place par l’Éducation nationale en 2016, nommé « indice de position sociale » (IPS). Il vise à comprendre le statut social des élèves « à partir des professions et catégories sociales (PCS) de leurs parents ». En calculant l’IPS moyen des élèves, on peut ensuite en déduire le niveau social de l’établissement scolaire dans lequel ils étudient. À noter que les valeurs d’IPS varient « de 45 à 185 », à travers 1 600 combinaisons possibles. Par exemple, un enfant dont la mère est commerçante et le père artisan a un IPS de 98, alors qu’un enfant dont les deux parents sont ingénieurs obtient un IPS de 177.
Les différences entre les collèges en éducation prioritaire et les autres se creusent. En 2022, l’IPS moyen des collèges était de 105, mais il n’était que de 75 pour les collèges REP + et 85 pour les collèges REP. Au contraire, dans le privé, l’IPS moyen était de 121. L’objectif du plan pour la mixité sociale est donc de réduire ces inégalités.
Les « leviers » du plan
Dans le secteur public, il est prévu
- de « diversifier la composition sociale des collèges et des lycées en modifiant les secteurs de recrutement ;
- d’accompagner à l’orientation, favoriser l’ambition scolaire et la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur ;
- d’améliorer et adapter la prise en charge globale par l’école à tous les âges et sur tous les temps de l’enfant » (éducation prioritaire, allocation de moyens, territoires éducatifs ruraux, etc.) ;
- « d’améliorer les conditions d’apprentissage en classe » (priorité au primaire, dédoublement des classes de GS-CP-CE1 en EP, plafonnement à 24 élèves des GS-CP-CE1 hors EP) ;
- de « poursuivre la démarche d’ouverture sociale menée dans les établissements favorisés » (renforcer les dispositifs existants comme les Cordées de la réussite, réaliser des actions de communication et de sensibilisation, accompagner la mobilité des élèves) ;
- « d’implanter une offre de formation attractive dans les établissements défavorisés » (ouverture de classes à horaires aménagés, sections sportives, classes bi-langues, de 43 nouvelles sections internationales à la rentrée 2022 et 15 nouvelles sections à la rentrée 2023).
Pour le secteur privé, le plan prévoit de
- « constituer une base de données publiques ;
- renforcer la mixité sociale en augmentant le nombre d’établissements proposant des contributions familiales modulées en fonction du revenu et en doublant le taux d’élèves boursiers ;
- prendre en compte la mixité scolaire lors de dialogues avec les représentants de l’enseignement privé ».
De plus, le ministre de l’Éducation et le secrétaire général de l’Enseignement catholique Philippe Delorme ont signé un protocole, qui vise à identifier « les leviers d’action du ministère et du secrétariat général » et à « dessiner la trajectoire d’un accroissement de la mixité sociale et scolaire dans les établissements d’enseignement privés associés à l’État par contrat, relevant de l’Enseignement catholique ».
Le gouvernement s’engage donc à augmenter la mixité sociale et scolaire dans tous les établissements, afin de promouvoir l’ « égalité des chances » pour tous les élèves.