Architecte d'intérieur pendant 5 ans, avant de passer le concours d'instituteur, Marie témoigne aujourd'hui d'une reconversion réussie. Après 23 ans d'exercice professionnel, son plaisir d'enseigner reste absolument intact !
Tu as eu une 1ère vie professionnelle avant de te lancer dans l'enseignement, peux-tu nous expliquer comment cette transition s'est passée ?
J’ai fait de l’architecture d’intérieur dans un cabinet d’architectes durant 5 ans.
Je travaillais en France, tout en faisant des stages en Italie. Dans le cadre d’un concours international d’architecture pour l’agrandissement du musée de Corte, j’ai même été amenée à travailler avec deux architectes milanais. Cette période m’a beaucoup plu.
Lorsque j’ai changé d’employeur, j’avais moins de responsabilités et on ne laissait pas assez de place à ma créativité. Parallèlement, je suivais des cours à la fac de lettres en Italien. J’étais arrivée tout en travaillant à plein temps à l’année de licence. J’ai commencé alors à réfléchir et à envisager un autre métier, tourné soit vers l’enseignement de l’Italien soit vers le professorat des Ecoles. J’ai fait le second choix car mon diplôme des Beaux-Arts me permettait de passer tout de suite le concours. Et dès que je suis entrée à l’IUFM pour le préparer, j’ai compris à quel point les matières à enseigner me correspondaient. Des maths aux français, en passant par les Arts et la musique, je m’y retrouvais et m’y sentais bien.
J’avais également beaucoup d’enthousiasme à l’idée de partager ce que je savais. Je me disais que quand on a compris quelque chose, c’est un vrai bonheur de le partager.
D'après toi, qu'est-ce qui a fait que cette conversion a été réussie ?
Ce qui a réussi pour moi, je pense, c’est que je voyais un vrai lien entre ce que j’étais, ce que j’aimais faire ( l’Art , la grammaire, l’amour des mots, l’aspect ludique des mathématiques et la géométrie sur un plan artistique…) et ce que je pouvais apporter à des enfants. Je ne reniais pas ce que j’avais fait avant, au contraire, je me disais que je pourrais en faire découvrir une part à mes élèves, avec plaisir. Pour arriver à tout cela, je me suis donnée les moyens de réussir le concours en travaillant énormément car j’avais 29 ans, j’avais fait un choix et je n’envisageais alors plus de faire autre chose. Mon expérience précédente m’a sans doute apporté de l’aisance lors des trois parties orales (dossier, sport, Italien) même si lors d’un concours , rien n’est acquis ni simple. J’avais plus de maturité que j’en aurais eu dix ans plus tôt et dans mon cas, cela a été bénéfique. Je suis contente d’avoir fait les choses dans ce sens là. On gagne aussi plus tard dans le métier en capacité à prendre du recul ou à relativiser.
Que pourrais-tu dire à une personne qui souhaiterait, comme tu l'as fait à un moment, changer de métier ?
Ce que je dirais à une personne souhaitant changer de métier, c’est de bien se demander pourquoi elle veut faire ce métier (en quoi cela lui correspond vraiment, quelles sont ses motivations) et après de s’accrocher, de travailler, et d’y croire. Et puis continuer à être heureux d’avoir fait ce choix pour rester toujours motivée. J’ajouterais qu’elle arrivera avec son bagage et son expérience et que le chemin emprunté sera différent de celui d’un étudiant mais tout aussi riche ou complémentaire.
Depuis combien de temps enseignes-tu ? Quel a été ton parcours (niveaux de classe par exemple) ?
J’enseigne depuis 23 ans déjà ! J’ai eu essentiellement des élèves du CE1 au CM2 et de nombreuses classes doubles, à la campagne, en ville, en ZEP une année. Depuis une dizaine d’années, j’ai une classe de CM2.
Peux tu nous dire 2 mots sur la classe et l'école où tu exerces actuellement ?
J’ai une classe de CM2 dans une école d’application comprenant 11 classes dont une classe ULIS, en ville. J’ai 28 élèves dont deux élèves en inclusion.
"On enseigne ce que l'on est, pas ce que l'on sait". Et toi, comment définirais-tu ton style d'enseignante ? Quels sont tes leitmotivs ?
Je dirais que l’on est ce qui nous anime le plus au fond de nous. Je pourrais dire même ce qui est vital pour nous. Pour ma part, je m’exprime le mieux par le biais du dessin, du chant et de l’écriture. J’ai toujours aimé la littérature et jouer avec les mots. Je suis aussi curieuse et avide d’apprendre. J’adore le théâtre, le cinéma, l’opéra.
Je crois avoir un peu d’humour et la petite dose d’autorité nécessaire. J’ai toujours été une battante et une optimiste. Alors, bien que ce soit difficile de faire le tour de tout ce que l’on est, je reste convaincue que si, d’une part, il y a les connaissances forcément indispensables, il y a d’autre part le style, la manière et l’enthousiasme pour enseigner.
Je considère que l’enseignement ne doit pas se concentrer uniquement sur les bancs de l’école et qu’il faut emmener les élèves à l’opéra, au musée, au cinéma. Les aider à regarder, à s’ouvrir, à exprimer leurs émotions et leur donner des clés pour aiguiser leur sens critique. Les projets de classe autour de ces thèmes permettent de motiver les élèves, d’attiser leur curiosité, de les ouvrir au monde et de développer leur pouvoir créatif dans des réalisations plastiques. La classe participe également à d’autres projets : concours de la Nouvelle de la classe, ateliers scientifiques de « La main à la pâte », débats philosophiques, création d’un spectacle de chant et de théâtre. Un projet de comédie musicale motive en ce moment toute l’école. Je pense que je suis une enseignante stimulante, dynamique et enthousiaste qui a envie de faire partager ce qu’elle sait mais aussi ce qu’elle a la chance de découvrir avec ses élèves à travers tous ces projets.