Portrait d'instit' : Julie, enseignante en maternelle

Soumis par Florent le 18 septembre 2018
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Notre série de portraits de collègues professeurs des écoles se poursuit avec Julie, enseignante en maternelle. Retrouvez ci-dessous son interview intégrale !

 

Comment as-tu décidé de devenir professeur des écoles ?

Enfant, comme beaucoup de petites filles, je voulais devenir maîtresse. En grandissant, je n'ai pas changé d'avis, bien au contraire. J'ai toujours apprécié être au contact des enfants et travailler avec eux, les aider à apprendre, à grandir. J'enseigne depuis à peu près 10 ans et je ne regrette absolument pas mon choix, j'adore mon boulot, j'y vais tous les matins avec le sourire. Cest un boulot dans lequel on ne s'ennuie pas, on rigole et s'agace tous les jours, plusieurs fois par jour! Je l'apprécie encore plus depuis que je suis en maternelle.

 

Pour toi, quelle est la particularité du métier ?

Malgré les programmes et l'inspection, nous jouissons d'une grande autonomie et de liberté dans nos classes, probablement plus encore en maternelle. Nous sommes certes cadrés mais l'éventail des possibles est important, nous avons une réelle liberté pédagogique, nous pouvons mener des projets que nous choisissons pour atteindre les compétences attendues.

 

Est-ce que pour toi le travail d'enseignant est un travail solitaire ?

Je répondrais non et oui! Non ce n'est pas vraiment un travail solitaire car nous sommes sans cesse en contact avec d'autres en dehors des temps de préparation. Je suis vraiment loin de me sentir seule la journée, entourée d'une trentaine d'élèves!!! En maternelle, l'ATSEM est également très présente à nos côtés durant les temps de classe et s'avère essentielle. Les collègues sont également présents et même si travailler en équipe n'est pas toujours facile, cela nous permet de se sentir moins isolés et de se confronter à d'autres points de vue. En revanche, lorsque je prépare ma classe et que je me questionne, que je suis face à certaines difficultés en classe ou dans les relations aux parents, je me sens effectivement un peu isolée et seule face aux obstacles.

 

Y a-t-il une séquence que tu as particulièrement aimé mener ?

Je dirais une séquence sur la découverte du monde. Nous avions, avec les enseignantes d'une autre classe, décidé de mener un projet de découverte du monde en s'appuyant sur les origines familiales des élèves composant nos classes. Nous avions dès le début de l'année demandé aux parents leurs origines et ce qu'ils envisageaient nous faire découvrir de leur région ou pays natal. Nous proposions différentes pistes: cuisine, musique, danse, diaporama. Cette année là, nous avons mangé des galettes, des baklavas, du pain algérien, une tartiflette... Nous avons écouté des musiques bretonnes, turques, arabes et nous avons dansé... Nous avons fait de la calligraphie en écrivant le mot paix dans différentes langues... Nous avons découvert des diaporama de différentes villes, régions, pays.. Pour terminer l'année, nous nous sommes penchés sur notre région, la Haute-Savoie et nous sommes allés visiter une ferme de la région dans laquelle nous avons fabriqué du fromage. Ce fut une séquence très agréable à mener, elle nous a permis d'intégrer des parents qui se sont réellement investis et nos élèves ont pu commencer à découvrir de nombreuses cultures.

 

Dans la relation avec tes élèves, pourrais-tu nous raconter 1 situation qui a été compliquée à gérer ?

Je pense à un élève qui avait des difficultés relationnelles, surtout avec les adultes. Il avait une AVS avec laquelle il ne se sentait pas en confiance et il ne voulait absolument pas travailler avec elle... La situation était vraiment difficile à gérer car il ne voulait pas du tout aller avec elle et s'accrochait à moi... Les jours où elle était présente, il venait vraiment à reculons.

 

Quelle serait la plus grande difficulté en classe ?

Ce qui me semble le plus difficile, c'est gérer les grands écarts entre les élèves. Notre mission première est d'apporter le maximum à chacun. Comment aider à la fois les enfants en grande difficulté et nourrir ceux qui ont tout compris. Malgré les groupes de besoin, les explications et remediations, les APC, j'ai parfois le sentiment de ne pas consacrer suffisamment de temps aux élèves en difficulté, de ne pas réussir à les aider suffisamment... Lorsqu'un élève demeure en difficulté, qu'il ne progresse pas assez, c'est un échec, c'est que je n'ai pas réussi à l'aider...

 

Et hors de la classe ?

Les relations avec les parents ne sont pas toujours simples. Il faut réussir à instaurer un rapport de confiance et de respect et parfois les incompréhensions et le fossé entre les attentes de chacun sont énormes.

 

Quel « style » d’enseignante as-tu ?

Question ardue... Difficile de se décentrer afin de définir son "style" d'enseignante. Je souhaite instaurer dans ma classe un climat détendu, propice au travail mais aussi au rire et à la bonne humeur. Une classe dans laquelle chacun se sent bien et peut s'épanouir. J'essaie de favoriser l'autonomie, la confiance, la responsabilisation, la bonne camaraderie entre les enfants. Évidemment, malgré toutes ces bonnes intentions, que nous avons tous et toutes, j'échoue, je doute, il y a des jours où ça va moins bien, où ce que je mets en place ne fonctionne pas, où moi ou les enfants sommes moins bien disposés...

 

Quel regard ton entourage porte-t-il sur ton métier ?

Certains sont réellement admiratifs du fait que nous arrivions à nous occuper d'une classe entière toute la journée. Ils louent notre patience. D'autres en revanche sont beaucoup plus critiques et voient en nous une sorte de "caste" de privilégiés syndiqués jouissant de beaucoup d'avantages. Bon nombre d'entre eux sont très surpris de la quantité de travail de préparation, surtout en maternelle car "ils ne font que des coloriages et des puzzles". Bref, un regard à l'image de la société, très partagé...

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