« Les enseignants forment une profession qui fait beaucoup, mais qui dit peu... » Ainsi débute notre entretien avec François Muller, auteur, formateur et expert en éducation, qui a passé plus de 25 années à rencontrer les professeurs dans leurs établissements. Avec son Manuel de survie, il remet la question du geste enseignant au cœur de la formation...
Comment est né cet ouvrage ?
Pendant ces 25 années, j'ai pu me rendre compte que chaque école cache un trésor invisible : la pédagogie est processuelle, et se voit peu. L'objet de ce livre est justement de transformer ces expériences en connaissances, de montrer comment le terrain peut faire histoire.
Formaliser les pratiques enseignantes répondait à un besoin fort ?
Mon projet s'est déroulé à un moment où les dispositifs de formation initiale s'affaiblissaient. C'était le début des IUFM, maintenant transformés en Inspé. Les équipes se retrouvaient en grande difficulté. J'ai commencé à rassembler cette matière sur Internet, ce qui représentait des milliers de pages, avant d'en faire quelque chose de plus formalisé.
Pourquoi ce titre ?
Il faut l'entendre au sens lacanien, la « sur-vie », comme augmentation de la vie professionnelle. Les professeurs disposent d'une ingénierie : ce qui se pratique dans le 1er degré a d'ailleurs une véritable valeur pour le 2nd degré ! L'identité enseignante est façonnée par l'idée de bricolage, où les enseignants sont les seuls véritables artisans de leur classe. On parle d'ailleurs désormais de développement professionnel.
De quoi s'agit-il ?
La formation initiale se focalise sur les contenus disciplinaires, sur une approche encyclopédique, alors que ce n'est plus le cas dans d'autres pays. On retrouve le dilemme entre enseigner et faire apprendre ... On sait d'ailleurs que les effets « école » et « maître » sont extrêmement importants !
Les compétences psychosociales ont aussi leur importance...
Il est temps de remettre les choses à l'endroit : la finalité de l'école, c'est rendre les élèves autonomes, avec des objectifs transversaux présents dans le socle commun. Être un bon élève, ce n'est pas seulement bien écouter et bien écrire... Et faire le programme ne suffit pas pour dire que les élèves apprennent. Le sentiment d'appartenance ou la confiance en soi sont par exemple la marque des très bons élèves. J'invite chacun à davantage regarder les élèves travailler, à découvrir ce qu'ils deviennent.
Manuel de survie à l'usage de l'enseignant (même débutant), de François Muller
Les éditions de l’Étudiant, 26,90€