Des histoires conçues pour être lues et jouées en atelier théâtral, des personnages que l’on retrouve d’une histoire à une autre, des récits qui invitent à réfléchir (en EMC notamment) … Voici les principaux ingrédients de cette collection propulsée par une belle équipe d’auteurs parmi lesquels figure Sylvain Tesson ! Rencontre avec l’auteur de « Balzac en liberté ».
Sylvain Tesson, pouvez-vous nous expliquer quelles circonstances vous ont amenées à écrire une pièce de théâtre à jouer pour enfants ?
Je ne suis pas venu aux petits enfants, je les ai laissés venir à moi, comme disait un Monsieur que les adultes n’ont pas bien traité. C’est madame Boumendil, directrice des Éditions de L’avant-scène-théâtre, qui m’a proposé d’écrire une pièce pour les enfants. Et comme je ne me crois pas du tout fait pour cela, j’ai accepté. Quelle aventure !
On est habitués à lire vos récits de voyage. Vous avez pris du plaisir à vous lancer dans un récit de fiction, une pièce de théâtre pour enfants ?
Puis-je vous avouer que non ? Pour ce que je connais des enfants (j’ai des neveux et je suis un ancien enfant), je sais qu’ils forment un public exigeant. Ils ne pardonnent rien, savent reconnaitre ce qui est ennuyeux de ce qui ne l’est pas. Comme ils ne sont pas encore contaminés par l’hypocrisie, ils disent ce qu’ils pensent. Si les enfants se chargeaient de la critique théâtrale dans les journaux, les têtes voleraient.
Il est beaucoup question de liberté dans cette histoire, qui fait partie des aventures d’une série autour des enfants Mip et Lo. Comment avez-vous exercé votre liberté dans cet « exercice d’écriture » ?
Les auteurs de la collection « Mip et Lo » vous soumettent un cahier des charges, une trame imposée, des consignes d’écriture strictes. Il s’agit donc d’une démocratie dirigée selon l’expression du président Vladimir Vladimirovitch Poutine. J’aime cette liberté-là : expression d’un mouvement dans un cadre. En d’autres termes, j’aime la ratatouille quand elle est contenue dans un caquelon de fonte.
Parmi les protagonistes, le chien et le chat ont des définitions différentes de la liberté… Peut-on y voir un clin d’œil à la fable de La Fontaine « Le loup et le chien »
Je ne ferai jamais un clin d’œil à La Fontaine. Une révérence, oui. La Fontaine formulait avec grâce et fantaisie la dialectique antiqu : vous voulez le confort ? Vous aurez le conformisme !
Une de ces définitions est que la liberté est comme « des croquettes qu’on est capables de ne pas manger ». Serait-ce également la vôtre ?
Oui, la liberté de se réfréner possède une double vertu : elle associe l’ascèse à la conduite de soi-même.
À partir de quel âge avez-vous développé votre passion pour la liberté (et le voyage) ?
Longtemps je me suis levé de bonne heure pour sentir la rosée de l’aube sur le gazon du jardin. À 10 ans peut-être. Dix années de vie domestique suffisent à comprendre que le bonheur se situera hors les murs !
Question subsidiaire : gardez-vous le souvenir marquant d’un professeur dans votre jeunesse ?
Oui, mon professeur de CP, elle s’appelait Servane. Elle était très belle, je lui disais. Elle n’a pas balancé son petit porc. J’ai aussi le merveilleux souvenir du frère directeur de mon école de Passy Buzenval : le frère Philippe Gouault, latiniste et motard. La croix et le cylindre : tout pour plaire.