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LA CLASSE • N° 316 • 02/2021 •

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déplacement d’office et se met en retraite (il était

blessé de guerre, une balle reçue dans le poumon

au Chemin des Dames en 1917).

Une École dans la tempête de l’Histoire

Dans un contexte pourtant hostile (pleins pouvoirs

pour Mussolini en Italie dès 1922, Hitler chance-

lier en janvier 1933, émeutes à Paris du 6 février

1934), Freinet va créer sa propre école sur les

hauteurs de Vence. Le 1

er

 octobre 1935, il annonce

son ouverture dans le quartier du Pioulier mais

connaîtra encore des tracasseries administratives

avant d’être enfin reconnu par Jean Zay, nouveau

ministre de l’Éducation du Front populaire.

La structure sera plusieurs fois rattrapée par

l’histoire : accueil d’enfants réfugiés espagnols,

fermeture pendant la Seconde Guerre mondiale,

internement de Freinet. De son côté, à 16 ans,

le jeune Marcel prend les armes pour combattre

Franco avant d’être prisonnier au camp de

concentration d’Albatera et de quitter l’Espagne

clandestinement. Plus tard, il reviendra dans sa

ville natale et finira ses jours en France.

C’est pourtant un peu grâce à lui qu’est née cette

école – désormais classée mais toujours active –

où se sont tenus tant de stages de formation,

générant énormément d’échanges, de projets et de

rencontres. Là encore que se sont développées des

pratiques pédagogiques qui connaîtront un fort

écho international. De cette approche innovante

naîtront des centaines d’articles et d’ouvrages,

des magazines pour adultes et enfants, et se

développera un mouvement pédagogique – le

mouvement Freinet – toujours présent au sein des

classes (Institut coopératif de l’école moderne).

C’est au pied du mur qu’on voit le maçon

C’est dire si la question de la liberté d’expression

et d’innovation est depuis longtemps posée. Nous

aurions tort de croire en un âge d’or auquel il

faudrait revenir. Célestin Freinet, Maria Montessori,

Francisco Ferrer, Marie Pape Carpentier, Paul

Robin, Pauline Kergomard, Paulo Freire, Pierre

Faure, Ovide Decroly, et tant d’autres, ont réalisé

leur œuvre pédagogique dans l’adversité, trouvant

des réponses à des problèmes qu’on croyait

insolubles, pour s’affirmer dans la durée, malgré

tous les ennemis d’hier et d’aujourd’hui. À méditer

en ces temps difficiles…

Une classe de Célestin Freinet

dans les années 30.