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• LA CLASSE MATERNELLE • N° 285 • 01/2020
MA VIE
D‘INSTIT
par Florent Denéchère
Et avec les élèves ?
Il y a eu des gros soucis à cause d’une Ulis qui
dysfonctionnait. Dans les premières semaines,
je me suis pris des coups de pied dans le ventre
au cours de violentes altercations entre 2 élèves
de cette classe qui étaient en pleine crise. Cette
fâcheuse expérience m’a montré un aspect du
métier que je n’avais pas pris en compte : il y
a des enfants en très grande souffrance qu’il
est difficile d’aider. J’avais une
boule au ventre à l’idée d’aller
travailler, et les semaines à l’Espé
me semblaient être une libération,
pour couper, pour souffler. Finale-
ment, l’année s’est bien terminée,
et je garde un bon souvenir de ma
première classe de CE1…
Quel poste as-tu obtenu ensuite ?
J’ai obtenu un poste définitif au premier mouve-
ment, en Rep. J’ai donc actuellement une classe
de CE2 et j’en suis ravie. Cette rentrée a été plus
sereine que celle de l’année passée, mais elle
reste épuisante. Je ne pensais pas qu’avoir une
classe, toute seule, serait autant de travail. Je
sais que c’est normal, mais là j’ai hâte d’être en
vacances pour souffler et reprendre des forces,
car je suis vraiment fatiguée.
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Retrouvez l’interview intégrale d’Estelle sur
www.laclasse.frÀ 24 ans, lauréate du CRPE après des
études de psychologie, Estelle entame
sa première année en tant que T1.
Elle nous raconte son expérience
de PES à Versailles : ses doutes, ses
envies, ses motivations profondes,
mais aussi sa fierté d’enseigner…
Comment as-tu bifurqué de la
psychologie à l’enseignement ?
Après le bac, j’ai commencé une
licence de psychologie parce
que je voulais aider les autres à
résoudre leurs problèmes. Finale-
ment, je me suis rendu compte
que j’étais beaucoup trop sensible
pour ça ! Je me suis donc tournée
vers l’enseignement parce que…
quoi de plus beau qu’être un
repère pour des enfants qui ont soif d’apprendre ?
L’année de PES a été un « baptême
du feu » ?
Je me suis retrouvée en binôme avec une
autre PES, car on testait le nouveau processus
3 semaines / 3 semaines mis en place dans l’aca-
démie de Versailles. Ce processus me terrifiait
plus qu’autre chose : être seule dans la classe
pendant 3 semaines entières, puis ne pas voir
les élèves pendant 5 ou 7 semaines à cause des
vacances, ou du stage massé, ça faisait vraiment
de grandes séparations. Et le tuilage avec ma
collègue était forcément plus compliqué.
Estelle
«
Il y a des enfants
en très grande
souffrance qu’il est
difficile d’aider.
»