Alors que l’opposition à la réforme des retraites ne recule pas, une enquête d’AEF Info montre que les femmes retraitées de l’Éducation nationale sont défavorisées par rapport aux hommes. Elles toucheraient 300 € de moins par mois que leurs collègues masculins.
À partir des rapports publiés par la Depp (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) et des explications de Boris Melmoux-Eude, Directeur général des ressources humaines du MEN, AEF Info rapporte que les inégalités femmes-hommes persistent à la retraite. Les pensions moyennes des femmes retraitées de l’Éducation nationale s’élèvent à « 2 626 € bruts par mois », contre « 2 932 € pour les hommes » (2021), « selon les chiffres du bilan social du ministère de l’Éducation nationale ».
L’âge de départ à la retraite
Selon le bilan social 2020-2021, les femmes partent à la retraite en moyenne 10 mois plus tôt que les hommes. Selon le ministère, cela « s’explique en partie, pour 2 mois, par le dispositif de départ anticipé pour parents de trois enfants dont bénéficient 7,1 % des nouvelles retraitées. L’écart est de 7 mois si l’on compare l’âge de départ des hommes à celui des femmes non bénéficiaires du dispositif ».
Les femmes étant plus nombreuses dans le premier degré, elles profiteraient « plus souvent de l’âge d’ouverture des droits des catégories actives ». Cela permet, entre autres, de partir à la retraite plus tôt. Les catégories actives pouvaient partir à 55 ans avant la réforme des retraites, qui prévoit d’augmenter de 2 ans l’âge de départ, soit 57 ans.
L’écart de pension
La différence de pension de retraite diffère selon le poste occupé.
Elle est de :
- 120 € chez les enseignants du premier degré ;
- 160 € chez les enseignants du second degré ;
- 165 € chez les personnels de direction.
Le ministère explique à nouveau cet écart « par des répartitions différentes des femmes et des hommes dans les différents métiers : les femmes sont plus nombreuses au sein des catégories de métiers moins rémunérateurs ». Toutefois, cela reste directement lié au fait que les enseignantes rencontrent, encore aujourd’hui, des difficultés à accéder aux fonctions d’encadrement et de la direction. De plus, même au sein du personnel d’encadrement, il reste des différences de revenus.
Les explications de Boris Melmoux-Eude
Interrogé par AEF Info, le DGRH du ministère de l’Éducation nationale regrette la situation mais « elle s’explique par des facteurs objectifs » selon lui. Les femmes « cotisent moins longtemps » que les hommes, parce qu’elles doivent assurer la « charge familiale », ce qui les pousse à « interrompre leur carrière ».
Boris Melmoux-Eude ajoute que « les femmes vont en moyenne partir plus tôt que les hommes à la retraite, et donc avec un grade moins élevé. Par exemple, dans le premier degré, 51 % des hommes atteignent la classe exceptionnelle, contre 38 % des femmes ». La pension étant calculée sur la base du traitement des six derniers mois d’activité, les femmes sont défavorisées.
Pour le Snes-FSU (Syndicat national des enseignements de second degré - Fédération syndicale unitaire), les inégalités de salaires se répercutent ensuite sur les pensions.
Toutefois, la « bonification d’ancienneté pour l’éducation des enfants qui permet de récupérer de 6 à 8 trimestres, pour compenser les interruptions de carrière », aide à réduire les inégalités, selon Boris Melmoux-Eude.
Le ministère de l’Éducation tente de lutter contre ce problème, qui serait pris en compte dans les revalorisations salariales discutées en ce moment. Alors que la réforme des retraites a été adoptée à l’Assemblée le 20 mars dernier, le ministère doit répondre à différents enjeux, dont les inégalités femmes-hommes.
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