EDITO de La Classe de juin/juillet
Qu’en est-il de l’enthousiasme suscité par la perspective d’une « refondation de l’école », telle que l’avait souhaitée le président Hollande en y mettant tout à la fois beaucoup de volonté et de moyens ? Force est de constater que, quatre ans plus tard, c’est la déception qui a pris le pas.
En cause, probablement, la réforme des rythmes qui, pour intéressante qu’elle soit – elle a eu le mérite de donner, ici et là, l’accès à la culture et aux sports à des enfants qui en étaient privés –, a paru comme une priorité décalée au regard des enjeux majeurs liés à la scolarité primaire. Comment ne pas regretter que tout l’argent, l’énergie déployés pour mettre en place cette nouvelle organisation n’aient pas été consacrés à renforcer les moyens de l’école, notamment maternelle, où tout se joue ?
La refondation aurait dû aussi (et d’abord) passer par une attention toute particulière portée à ceux qui en sont les acteurs, à savoir les enseignants. Or, au-delà de belles paroles, rien ou presque n’a été fait pour améliorer leur situation. Le métier d’enseignant est toujours aussi mal payé, aussi peu considéré, alors qu’il est devenu de plus en plus difficile. Sans le feu sacré d’une véritable vocation, doublé d’un sens certain du sacrifice, comment être enseignant aujourd’hui ?
Et que dire de cet autre acteur au cœur de la refondation : l’élève ? Sans craindre d’ajouter à sa fatigue liée aux nouveaux rythmes (notamment en maternelle), on lui impose un calendrier aberrant qui l’oblige (dans certaines régions) à un marathon de 11 semaines avant les vacances d’été. La « priorité » à l’école primaire aurait-elle cédé, une fois de plus, aux intérêts touristiques ?
Quant aux nouveaux programmes, qui n’ont rien de révolutionnaire, on ne peut que regretter qu’ils entrent en vigueur si tard (en 2016 pour l’école élémentaire), repoussant à plusieurs années – bien après la fin du quinquennat – l’analyse qu’on pourra faire de leurs effets sur la réussite scolaire. Car c’est bien à cette aune qu’il faudra, le moment venu, juger de la pertinence de cette refondation de l’école qui, pour l’heure, apparaît aux yeux de beaucoup comme une réforme en demi-teinte.