Depuis 2 ans, Mathilde enseigne dans une classe multi-niveau, composée de TPS, MS, GS, CM1 et de CM2. Autonomie, coopération avec l’ATSEM, tutorat… Elle nous présente le fonctionnement de sa classe atypique.
Pouvez-vous nous dire comment vous êtes devenue enseignante ? Peut on parler d'une vocation ?
J’ai suivi un parcours classique : bac ES – licence d’anglais – master MEEF EPD – concours. On peut parler de vocation puisque j’ai toujours voulu enseigner en école primaire.
Quelles impressions gardez-vous de votre entrée dans le métier ?
L’entrée dans le métier a été plutôt facile lors de ma première année en tant que PES. L’équipe enseignante a été très accueillante et m’a bien intégrée ce qui a permis un travail en équipe de cycle très fructueux et formateur.
Depuis 2 ans, vous enseignez dans une classe de TPSS-MS-GS-CM1-CM2.
C'est pour le moins atypique ! Comment se fait-il que des âges si éloignés se retrouvent dans une même classe ?
Notre école est située dans une commune très rurale. Nous avons fermé la troisième classe de notre école en septembre 2017. Il a donc fallu réfléchir à la nouvelle organisation pédagogique. Les effectifs nous permettaient difficilement de répartir les élèves en mat-CP et CE-CM. Nous avons donc réfléchi en cycle. Mettre les cycles 1 avec les cycles 3 nous permettaient d’associer un groupe très peu autonome avec un groupe qui l’était beaucoup plus et de rééquilibrer les effectifs. On a ainsi pu avoir une classe de cycle 2 avec un plus petit effectif mais une autonomie plus réduite et des apprentissages fondamentaux.
Comment se passe la vie de classe entre grands et petits ?
Chaque groupe a sa salle puisque ma classe est constituée de deux salles juxtaposées. Nous favorisons au maximum l’autonomie, la coopération et la prise d’initiative. Pour cela, chaque élève de maternelle a un « parrain » ou une « marraine » parmi les CM. Les CM aident donc les maternelles pour l’habillage avant les récréations, les accompagnent lors des sorties... La « cohabitation » se passe très bien puisque chacun apprend à respecter le travail de l’autre. Après une année de fonctionnement, les élèves et les parents étaient très satisfaits de cette organisation. Petits et grands ont gagné en autonomie et se sont mutuellement apportés.
Comment arrivez-vous à jongler entre les niveaux ?
L’emploi du temps est assez millimétré ! Je travaille en ateliers tournants. Nous utilisons donc un timer qui me permet de respecter le temps imparti à chaque groupe et de ne pas sacrifier le dernier groupe par manque de temps. Pour chaque atelier, je réunis plusieurs niveaux : TPS-PS, MS-GS et CM1-CM2. Chaque activité est bien sûr différenciée suivant le niveau de l’élève même si l’atelier est commun. L’après-midi, le sieste des PS-MS me permet d’accorder plus de temps aux GS-CM pour les apprentissages plus spécifiques (phonologie, sciences, histoire, géographie…).
Travaillez-vous avec des collègues, des Atsem ou des AVS ?
Je travaille beaucoup avec mon Atsem qui a gagné en autonomie et en initiative. Cela nous demande beaucoup d’anticipation pour que tout se passe bien en classe. Nous travaillons aussi en équipe avec ma collègue de cycle 2 sur des projets à plus ou moins long terme qui permettent toujours plus d’implication et de coopération entre élèves (1/4 d’heure lecture, ateliers de lecture ou de cuisine…).
Et enfin, comment vous sentez vous dans cette 2ème année ?
Je me sens très bien dans cette classe atypique. Ce qui se vit est tellement riche et tellement proche de la « vraie vie » que cela me semble est un grand bénéfice pour les élèves. C’est très enrichissant de voir évoluer chacun d’entre eux. On ne s’ennuie pas une seconde !