Mue par l'envie de dépoussiérer la pratique du graphisme, Élisabeth Grimault ne propose dans son ouvrage « ni fiches à photocopier, ni pointillés à suivre ». Ici, c'est l'élève qui réalise lui-même son support d'entraînement, choisit ses couleurs, dispose ses éléments. Tandis que le maître apporte des matériaux variés, des outils originaux et des techniques diversifiées.
Comment avez-vous pensé la mise en page de votre ouvrage ?
Les différentes étapes sont photographiées comme dans un livre de cuisine et les points importants sont soulignés sous les photos. C'est un livre très visuel, prêt à l'emploi.
Cet apprentissage s'appuie sur des règles, des répétitions quotidiennes... Et pourtant, chaque activité revêt aussi un intérêt artistique.
L'apprentissage du graphisme répond à des règles précises et exigeantes : tenue du scripteur, sens des tracés, posture du corps. Elles demandent à l'élève beaucoup d’effort de concentration, requièrent une forte tension intellectuelle et de gros efforts d’habileté manuelle. Il est donc nécessaire d'innover pour rendre cet apprentissage attractif et esthétique. Étant très sensible à l'art, j'ai imaginé ces situations en m'inspirant des matériaux disponibles dans toutes les salles de classe, tout en alliant les objectifs à une démarche artistique qui joue avec les harmonies de couleurs, de formes, de matières... Chaque production graphique est unique et devient une œuvre d'art à part entière.
Pouvez-vous nous dire un mot sur la progression des gestes de la PS vers la GS ?
En PS, l'élève s'entraîne à tracer des traits verticaux et horizontaux, puis il contrôle son geste pour tracer des ronds tout en apprenant le sens conventionnel des tracés. Il apprend à tenir correctement les outils scripteurs qui lui sont proposés. En MS, il affine ses tracés de traits et de ronds et appréhende les lignes plus complexes comme la ligne brisée, les ponts à l'endroit puis à l'envers. Pour finir, il s'essaye au tracé des boucles. L'espace proposé se réduit, les outils scripteurs se diversifient, une bonne posture est requise. En GS, l'élève parfait et réduit l'ampleur de ses gestes en réalisant des tracés plus fins et précis. Il s'entraîne de plus en plus, apprend à se concentrer et acquiert un geste fluide. Le graphisme est une discipline à part entière, souvent dédaignée, jugée « occupationnelle ». Il était nécessaire de dépoussiérer cette pratique et de la rendre lumineuse, riche de sens et d'émotion. C'est ce que j'ai tenté de faire !
Ateliers graphiques PS-MS-GS, d'Élisabeth Grimault
Retz, 29,00€