Les éditions Chronique sociale nous proposent un vrai petit ovni éditorial avec ce bel ouvrage graphique, mêlant pensée visuelle et apports de la recherche. Mené par l'épatant duo1 Christine Schuhl/Véronique Olivier-Martin et préfacé par Catherine Dolto, il présente un itinéraire sensible et intellectuel autour du développement du petit enfant.
Que pourront trouver nos collègues PE en maternelle dans votre ouvrage ?
V.O.-M. : C'est un livre où l'on interroge notre monde. Il pose la question du temps, il bouscule les idées reçues sur l'éducation, les nouvelles technologies…
Le développement de l'enfant est-il suffisamment présent dans la formation des enseignants, selon vous ?
C.S. : Leur formation est très axée sur les apprentissages. Mais moins sur les fondamentaux du développement de l'enfant. On sent que c'est un peu restreint. Les neurosciences et la psychologie (sociale ou comportementale) semblent peu abordées.
En tant qu'éducatrice de jeunes enfants et universitaire, vous avez défini le concept de « douces violences »…
C.S. : J'ai travaillé sur le principe de violence institutionnelle par rapport à l'enfant. Puis je me suis intéressée à la relation adulte-enfant. J'ai fait beaucoup d'observations et je me suis rendu compte que la posture de l'adulte n'était pas toujours adaptée. Quand on parle au-dessus de l'enfant sans se mettre à sa hauteur, quand on ne se positionne pas en face de lui pour lui moucher le nez, qu'on lui colle des étiquettes, des jugements, des comparaisons, qu'on sent ses fesses pour savoir s'il a fait caca… Françoise Dolto était déjà passée par ces analyses. J'ai nommé ces dérives, ce qui a permis de faire un travail de repérage et de remédiation.
L'école accueille, dans ses classes de TPS, de très jeunes enfants. Quel regard portez-vous sur ce niveau ?
C.S. : Il ne faut pas oublier l'âge des enfants. Les recherches montrent qu'au-delà de 8 enfants dans un groupe, le taux de cortisone, et donc le stress, monte. Les études le prouvent ! Il faut être très attentif et mener une vraie réflexion. Il est nécessaire de bien connaître le développement de l'enfant à cet âge, ses besoins, l'aménagement de l'espace idéal… L'école peut accueillir les jeunes dès la classe de TPS, mais pas dans n'importe quelles conditions.
1 Christine Schuhl, l'autrice, est éducatrice de jeunes enfants et universitaire. Elle a défini le concept de « douces violences ». Véronique Olivier-Martin, l'illustratrice, est également consultante et spécialiste de la pensée visuelle.
Nos enfants sont extraordinaires, de Christine Schuhl et Véronique Olivier-Martin,
Chronique sociale, 12,90€