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• LA CLASSE MATERNELLE • N° 312 • 10/2022

HUMEURS

CHRONIQUE D’ÉCOLE

par Christophe Baudot, PE et formateur

L

es Atsem, en particulier,

connaissent bien les résis-

tances de quelques enfants

lors du passage aux toilettes.

Pour ceux-là, aller aux WC

relève d’une véritable épreuve.

Certains le disent, d’autres

le taisent voire le cachent.

Qu’est-ce qui peut expliquer

cette difficulté ?

Plusieurs pistes sont à envisager,

uniques ou complémentaires.

Mon expérience et mes lectures

me suggèrent ces quelques

analyses.

La maturité physiolo-

gique :

certains enfants

arrivant en maternelle ne

sont pas encore tout à

fait propres. Ils le savent.

L’institution, relayée par les

familles, met l’accent sur

la nécessaire propreté à

l’école où les couches sont

bannies. Ajoutée au stress

que génère l’arrivée dans

ce nouvel univers, cette

pression est maximale.

La meilleure façon de la

réduire est d’indiquer aux

familles que la propreté

n’est pas un seuil qui serait

franchi à tout jamais, et que

l’entrée à l’école permet

souvent de parvenir défini-

tivement à la propreté. En

cas d’accident, les adultes

doivent absolument rassurer

l’enfant.

La peur de se salir :

comme

pour la peinture, certains

enfants ne supportent pas de

prendre le risque de se salir.

Pour certains, cela relève

d’une véritable phobie qui

nous oblige à reporter l’activité

peinture parfois de plusieurs

mois. Accompagner et rassurer

l’enfant lui permet de dépasser

cette peur.

La pudeur, la peur du regard

des autres :

absente chez les

tout-petits, la pudeur survient

plutôt en MS-GS alors que le

regard des autres peut être

gênant dès 3 ans. Lorsque je

vois ou sens un enfant hésitant,

je lui propose de se rendre aux

toilettes après que les autres y

sont allés. En GS, la propo-

sition de WC garçons-filles

séparés tout comme celle de

pouvoir se retrouver seul·e me

paraissent indispensables.

Les difficultés à faire

caca :

c’est plus rare mais

il arrive que des enfants

soient longtemps bloqués

pour aller à la selle. Cela

peut être une peur de

déféquer (apopatophobie)

ou une incontinence fécale

(encoprésie). La peur

de lâcher une partie de

soi-même, renforcée par la

constipation et la douleur

qu’elle produit, amène

certains enfants à se retenir.

Dans tous les cas, le

passage aux toilettes à la

carte, ou par tout petits

groupes, ou avec seule-

ment les enfants qui gèrent

difficilement ce moment,

s’avère la solution la plus

adaptée.

La peur des WC

© C. Baudot